Bernard Saisset, évêque de Pamiers, fut au cœur d’un conflit majeur entre le roi Philippe le Bel et le pape Boniface VIII. Accusé de trahison et d’hérésie, il se retrouva impliqué dans des manœuvres politiques complexes qui mirent en lumière les tensions entre le pouvoir royal et l’autorité papale. Ce texte explore les griefs portés contre lui et les événements qui en découlèrent.
Sommaire
- Les événements politiques
- L’Affaire de Bernard Saisset
- Enquête sur ces griefs
- Rupture entre Philippe et Boniface
Les événements politiques
Il était certain que le pape, dans de telles dispositions, se heurterait de nouveau, quelque jour, au roi de France. Les occasions de conflit ne manquaient pas, et les plaintes affluaient à Rome contre Philippe : plaintes des Flamands, plaintes des clercs, que le roi pressurait immodérément, depuis qu’il avait eu gain de cause dans l’affaire de la bulle Ciericis laïcos.
Une lettre pontificale du 18 juillet 1300, adressée à Philippe pour la défense des droits de l’évêque de Maguelonne à Melgueil, est déjà aigre-douce : « Les griefs s’accumulent, la douceur est inutile, les erreurs ne sont pas corrigées… Prends garde que les conseils de ceux qui te trompent te conduisent à ta perte… Que résultera-t-il de tout cela? Dieu le sait. »
Malgré tout, les relations restèrent assez bonnes entre la France et le pape jusqu’à la fin de l’année 1301. L’occasion de la rupture fut, dit-on, le célèbre procès intenté contre Bernard Saisset, évêque de Pamiers.
L’Affaire de Bernard Saisset
Bernard Saisset, ancien abbé de Saint-Antonin de Pamiers, avait été en relations personnelles avec Benoît Gaëtani. Boniface VIII avait créé pour lui l’évêché nouveau de Pamiers, en juillet 1295. On a souvent prétendu, sans preuves, qu’il reçut de la cour de Rome, en 1300-1301, l’ordre de réclamer à Philippe le Bel la délivrance du comte de Flandre, alors prisonnier en France, et que, lors de cette occasion, il soutint publiquement la doctrine de la suprématie pontificale.
Cependant, c’est pour d’autres raisons que la main du roi s’appesantit sur l’évêque de Pamiers. Saisset, languedocien, n’aimait pas les Français et ne s’en cachait guère. Il était en très mauvais termes avec ses voisins, l’évêque de Toulouse et le comte de Foix, et fut dénoncé à Paris pour avoir tenu des discours injurieux contre l’honneur du roi.
Enquête sur ces griefs
Deux conseillers du roi, Rieherd Leneveu et Jean de Picquigni, informèrent secrètement sur la conduite de l’évêque. Les témoignages recueillis révélèrent que Bernard Saisset avait prédit la ruine prochaine de la dynastie et du royaume, et qu’il avait tenu des propos désobligeants à l’égard du roi.
Les dépositions des témoins, dont certains furent soumis à la torture, contiennent des détails intéressants. Le comte de Foix déclara que l’évêque lui avait dit que le roi est faux-monnayeur. Le prieur des Dominicains de Pamiers avoua avoir entendu Saisset dire que le roi ferait mieux de siéger à son Conseil.
L’enquête confirma des écarts de langage, mais pas des actes positifs de trahison. Cela suffit néanmoins aux commissaires pour justifier des mesures sévères. L’évêque fut arrêté et amené à Senlis pour comparaître devant le roi.
Rupture entre Philippe et Boniface
Pierre Flote, représentant du roi, accusa Saisset de crimes détestables. Le roi, après avoir pris conseil, demanda au métropolitain du Languedoc de dégrader l’évêque pour qu’il soit puni par le bras séculier. Bernard Saisset, en danger, préféra être placé sous la garde de son archevêque.
Le roi, conscient de l’importance de l’affaire, décida de faire comparaître les témoins. Les révélations furent encore plus accablantes, et le roi se résolut à agir contre Saisset. Il demanda au pape de le priver de son privilège clérical, considérant que les crimes de l’évêque ne laissaient plus de place à aucune dignité.
Questions-Réponses
Bernard Saisset était l’évêque de Pamiers, ancien abbé de Saint-Antonin, impliqué dans un conflit entre le roi Philippe le Bel et le pape Boniface VIII.
Il était accusé d’avoir tenu des discours injurieux contre le roi, de trahison, de simonie, et d’hérésie, notamment en niant la gravité de certains péchés.
L’enquête confirma des écarts de langage, mais pas de trahison avérée. Néanmoins, cela suffit pour justifier son arrestation et sa mise sous clé par le roi.