1871, à peine le siège de Paris terminé, un mouvement d’insurrection populaire se déclare à Paris, c’est l’épisode de la Commune. Il verra Paris sombrer une seconde fois dans un bain de sang.
Sommaire
- Les causes de l’insurrection de la Commune de Paris
- La Commune, maîtresse de Paris
- Le régime de la Commune
- La semaine sanglante
- Bilan de la Commune
Dans la nuit du 17 au 18 mars 1871, le 88e régiment de ligne reçoit l’ordre du gouvernement de s’emparer discrètement des 210 canons encore en possession des gardes nationaux et entreposés a Belleville et à Montmartre.
Il prend position sur la butte Montmartre. Mais les attelages n’arrivent pas. Au bruit, des curieux se mettent aux fenêtres. Bientôt, une foule de gardes nationaux, de femmes, d’enfants entoure les soldats, leur apporte à manger et à boire, les invitant à fraterniser. Les hommes, laissés sans ordres, après un moment de flottement, mettent « la crosse en l’air… ».
Soudain, le général Lecomte, qui les commande, est arrêté par les manifestants. Il sera fusillé le soir même, ainsi que le général Clément Thomas, après une parodie de jugement.
Des barricades se dressent. Paris, qui sort à peine de la tourmente du siège se trouve précipité dans les horreurs d’une guerre civile
terrible : la Commune.
Les causes de l’insurrection de la Commune de Paris
Bismarck n’acceptait de signer la paix qu’avec un gouvernement réellement représentatif du peuple français. Aussi, le 8 février, le gouvernement de la Défense nationale fait-il place à une Assemblée nationale, élue au suffrage universel.
Le pays, inquiet, a surtout envoyé à l’Assemblée des députés conservateurs et monarchistes. Seules les grandes villes ont voté républicain.
Réunie à Bordeaux, l’Assemblée nationale confie la direction du gouvernement à Adolphe Thiers, l’ancien ministre de Louis-Philippe.
Deux tâches s’imposent : libérer le territoire et réorganiser la France. Mais le déclenchement de la Commune vient reporter ces problèmes à l’arrière-plan.
La population parisienne, surtout celle des quartiers ouvriers et populeux du centre et de l’est, est sortie très éprouvée des rigueurs du siège de la capitale.
La santé des Parisiens est plus ou moins altérée par le froid, le manque de nourriture et les bombardements; la misère est grande, car le travail n’a encore repris nulle part. Enfin, ce Paris qui a tant souffert, qui s’estime trahi, ressent amèrement l’humiliation de la défaite, et est exaspéré par l’entrée des Prussiens que Thiers a dû accepter pour conserver Belfort.
En outre, la ville est restée profondément révolutionnaire. De nombreuses tendances socialistes exercent une grande influence sur la population. Une « Fédération républicaine de la Garde nationale » s’étant formée pour veiller aux intérêts de celle-ci et de la République, les révolutionnaires ont la majorité dans son Comité central. Or Paris possède des armes : 500 000 fusils et 210 canons.
Face à cette population dont les « nerfs sont à fleur de peau », l’Assemblée, composée de notables provinciaux qui n’ont que méfiance pour la capitale, multiplie les maladresses : décision de siéger à Versailles et non à Paris, suppression de la solde de 1,50 F par jour qui avait été accordée aux gardes nationaux et qui reste la seule ressource des ouvriers encore en chômage, refus de prolonger le délai de paiement des loyers, etc
En outre, Thiers décide de reprendre leurs canons aux Parisiens. La maladresse, avec laquelle est menée l’opération, déclenche l’insurrection qui se propage en quelques heures dans le centre et l’est de Paris.
La Commune, maîtresse de Paris
Ce qui pouvait n’être encore qu’une émeute devient vite une véritable révolution. Thiers décide de ne pas résister dans la ville même et de laisser le champ libre aux insurgés pour mieux les vaincre. Le gouvernement se retire donc à Versailles et s’entoure de troupes solides que viennent grossir les prisonniers rendus par Bismarck, inquiet des événements.
Un « Conseil Général » de Paris fut élu le 26 mars. Il se fixait un triple but : révolutionnaire (drapeau rouge et Calendrier révolutionnaire), anticlérical (suppression du budget des cultes) et social (adoption de la Journée de dix heures, etc.).
Mais les « communards » divisés entre blanquistes, jacobins, et membres de l’Internationale ne surent pas choisir un programme politique précis. La Commune hésita trop longtemps entre réformes et révolution.
Certains parmi ses membres pensaient qu’elle devait diriger la France tout entière, d’autres au contraire invitèrent les autres communes du pays à s’associer avec Paris en une fédération libre.
Le régime de la Commune
Les actes de la Commune furent donc des décisions d’ordre général : adoption du drapeau rouge, séparation de l’Église et de l’État, élection des fonctionnaires, ou des mesures pratiques. Hausse prorogation des échéances, remise des loyers, etc. Elle n’osa pas toucher à l’encaisse-or de la Banque de France et se contenta d’une avance assez modeste.
En fait, la Commune n’eut guère le temps de procéder à une transformation du régime politique et social, car elle dût, dès les premiers Jours, consacrer toute son énergie au combat.
Le 2 avril, les hostilités s’engagent entre les « Fédérés » (troupes de la Commune) et les « Versaillais » (troupes gouvernementales). Bien qu’elle compte officiellement 200 000 hommes, la Garde nationale fédérée, qui forme l’armée de la Commune, ne peut guère en aligner plus de 30 000 au combat.
Les soldats sont peu disciplinés; les chefs, trop souvent changés, sont pour la plupart peu compétents.
Le gouvernement, au contraire, dispose rapidement de 100 000 hommes : de bonnes troupes confiées à Mac-Mahon. Thiers a obtenu de Bismark le rapatriement rapide de nombreux prisonniers de guerre. Le 3 avril, les Fédérés tentent une sortie massive qui aboutit à un grave échec. Les chefs faits prisonniers sont fusillés sur place. La Commune répond à ce geste par l’arrestation d’otages.
La semaine sanglante
Un second siège de Paris Commence alors sous les yeux des Prussiens, cette fois Spectateurs.
Les Versaillais reprennent un à un les forts du sud de Paris et pénètrent dans la ville, le dimanche 21 mai. C’est la «semaine sanglante », durant laquelle l’armée repousse, peu à peu, les forces de la Commune vers l’est, en des combats acharnés, rue par rue.
De part et d’autre, on se conduit avec férocité. Les Versaillais multiplient les exécutions. C’est ainsi que le général de
Gallifet fait fusiller des prisonniers. De leur côté, les Communards (comme les appellent leurs adversaires) exécutent impitoyablement les otages, dont Monseigneur Darboy, archevêque de Paris, le banquier Jecker, des prêtres, des gendarmes : au total 83 personnes en 10 Jours.
L’atmosphère est rendue plus sinistre encore par les incendies que multiplient les Fédérés dans l’espoir de retarder l’avance des Versaillais. Certains chefs communards n’ont-ils pas déclaré : « Plutôt Moscou que Sedan? » Les immeubles voisins de la Seine brûlent.
Notre-Dame, la Sainte-Chapelle et le Louvre sont par bonheur, sauvés, mais les Tuileries, la Cour des Comptes et l’hôtel de Ville sont détruits.
Les derniers combats acharnés se déroulent au milieu des tombes du cimetière du Père-Lachaise et sur les hauteurs de Belleville. Les principaux chefs de la Commune, tel Delescluze, se font tuer. Le 28 mai, le drapeau tricolore flotte sur toute la capitale.
Bilan de la Commune
L’on peut estimer à 20000 morts environ les pertes des Fédérés pendant la semaine sanglante. Les uns ont été tués au combat, d’autres fusillés.
Environ 40 000 personnes sont arrêtées jusqu’à la fin de 1875; 22 conseils de guerre instruisent 47 000 procès et prononcent 200 condamnations à mort (dont seulement sont exécutées) et plus de 13 000 condamnations à des peines diverses, dont 7 500 déportations vers la Nouvelle-Calédonie.
La Commune et sa répression ont d’importantes conséquences. Le mouvement révolutionnaire est brisé. La classe des artisans parisiens, d’où il était issu, est décimée. « La moitié des peintres en bâtiments, couvreurs, zingueurs, plombiers et cordonniers.. » a disparu. Outre ces artisans, les partisans de l’insurrection ont été recrutés parmi les petits employés, les journalistes, les étudiants, beaucoup plus que chez les ouvriers.
La Commune n’a donc pas été un mouvement exclusivement ouvrier et socialiste; néanmoins, son programme social resté imprécis n’a pas eu de suite, et la IIIe République mettra du temps avant d’étudier les questions ouvrières.
Aussi les revendications afférentes à celles-ci se réclameront-elles de la Commune qui deviendra, peu à peu, le symbole de la lutte ouvrière contre la bourgeoisie, idée qui sera reprise par les socialistes internationalistes.
FAQ
Dans la nuit du 17 au 18 mars 1871
Adolphe Thiers
La semaine sanglante
Les Versaillais
Les Fédérés, les Communards
Dossier Second Empire et Commune
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