Kennedy et le Vietnam, analyse d’une politique américaine interventionniste dans un contexte de guerre froide.
Agissant en fonction des évènements et sur les recommandations de ses conseillers, Kennedy s’engage dans ce qui allait devenir le bourbier vietnamien.
Sommaire
- Prémices d’une relation Kennedy-Vietnam
- Contexte politique des prédécesseurs de Kennedy
- L’Indochine, un territoire familier pour Kennedy
- Kennedy et le Vietnam
- Comment Kennedy aborde le sujet Vietnamien ?
- Les difficultés sur le terrain
- Kennedy et le Vietnam, ses responsabilités
Prémices d’une relation Kennedy-Vietnam
En ce 20 janvier 1961, le trente-cinquième président des Etats-Unis John Fitzgerald Kennedy s’adresse à des milliers d’Américains après avoir prêté serment à 12h51 précises. Le temps est glacial à Washington, ce qui n’empêche pas les Américains d’assister au discours inaugural.
Suite à sa victoire face au républicain Richard Nixon, vice-président d’Eisenhower durant huit ans, Kennedy annonce d’emblée sa fermeté en prônant la défense du monde libre face aux tyrannies :
«Que toutes les nations sachent, qu’elles nous veuillent du bien ou du mal, que nous sommes prêts à payer n’importe quel prix, à supporter n’importe quel fardeau, à faire face à n’importe quelle épreuve, à secourir tous nos amis et à affronter tous nos ennemis, pour assurer la survie et le triomphe de la liberté.»
J.F.Kenny
Le ton est donné. Le président fraîchement élu s’adresse à une nouvelle génération d’Américains et veut faire de la politique étrangère sa chasse gardée.
Juste après son élection, JFK avait rencontré, selon la tradition, son prédécesseur Dwight Eisenhower, afin de discuter des dossiers d’actualité, à savoir les relations entre l’URSS et les Etats-Unis, la course aux armements et l’OTAN. Mais ce qui importe ici est bien la situation en Asie du Sud-Est. Les discussions portent alors sur la situation au Laos, et, à ce moment, le Vietnam ne revêt pas une grande importance, à la grande surprise de JFK.
Le Laos, voisin du Vietnam et indépendant depuis 1954, a vu naître une guerre civile ce qui pousse les Américains à soutenir le gouvernement royal contre l’insurrection communiste appuyée par Hanoi. Ceux-ci, malgré les conseillers présents sur place, accumulent les défaites. Eisenhower envisage une intervention directe lorsque les communistes engagent les négociations avec Moscou.
Kennedy doit alors agir vite et parvient à un accord avec Moscou après des discussions, ce qui aboutit à un arrêt des hostilités le 22 avril 1961.
Voilà le dossier que JFK doit traiter après sa prise de fonction. Il doit agir, tandis qu’il veut prendre son temps pour le Vietnam, moins urgent selon lui. Or la situation au Vietnam nécessite de s’y attarder, en abordant rapidement l’implication des prédécesseurs de JFK, à savoir le président démocrate Harry Truman et le président républicain Dwight Eisenhower.
Comme Edward Lansdale l’affirme trois jours avant l’investiture de Kennedy :
«1961 promet d’être une année décisive pour le Vietnam.»
E.Lansdale
Contexte politique des prédécesseurs de Kennedy
L’Amérique avait à plusieurs reprises des chances d’éviter la guerre, à commencer par Truman qui a affirmé son soutien aux Français en 1945 en déclarant : «Les Etats-Unis n’ont aucune intention de s’opposer au rétablissement de l’autorité française en Indochine.» Ensuite, le président ne répond pas à Ho Chi Minh en février 1946 quand celui-ci lui demande de soutenir l’indépendance de l’Indochine. La RDV (République démocratique du Vietnam) fait part à Washington des provocations françaises.
Aucune réponse de Washington. Ne possédant pas les moyens de s’engager en Indochine, les Français demandent de l’aide aux Américains, qui livrent du matériel aux Français. Les Etats-Unis fournissent alors, et cela dès 1950, une aide militaire à la France.
La guerre de Corée motive ces décisions, et la théorie de l’endiguement prime avec la montée de la Guerre froide. La priorité est alors la lutte contre le Vietminh. L’aide aux Français s’accroît, et lorsque Dwight Eisenhower est élu en janvier 1953,
Or celui-ci refuse de participer à l’opération Vautour dans laquelle il était demandé une intervention aérienne américaine en avril 1954, ce qui entraine une défaite française. Diên Biên Phu tombe le 7 mai. En s’engageant aux côtés des Français, il est alors compliqué de revenir en arrière pour les Etats-Unis. Après les accords de Genève du 21 juillet 1954, les Etats-Unis y voient l’occasion de prendre la main.
Le Vietnam est alors coupé en deux avec au Nord les forces du Vietminh et au Sud les forces françaises, qui ne restent pas longtemps. Ce qui intéresse Ike, c’est bien sa lutte face à Pékin, après la prise de pouvoir par Mao en 1949.
Avec le soutien du Sud-Vietnam, les Américains souhaitent freiner l’expansion du communisme. La création de l’OTASE a lieu au lendemain des accords de Genève, toujours sur le même objectif qui est de freiner l’expansion communiste. Après la partition du Vietnam, un personnage fait son entrée en tant que premier ministre, il s’agit de Ngo Dinh Diêm.
Le colonel de l’US Air force Edward Lansdale, qui se rend sur place afin d’analyser la situation après les accords de Genève, a aidé Diêm à accéder au pouvoir. Il le rencontre et lui fait des suggestions concernant les réformes pour que celui-ci puisse affermir ses soutiens après la création de l’OTASE.
A partir de ce moment, les Américains accordent leur soutien à Diêm pour lutter face à la menace communiste Vietminh au nord. Eisenhower décide alors de soutenir Diêm coûte que coûte, malgré les objections de son représentant au Sud-Vietnam : Collins.
De son côté, le sénateur du Montana Mike Mansfield, fervent soutien de Diêm, pense que si celui-ci tombe, les Etats-Unis doivent suspendre leur aide au Sud-Vietnam. Sa conception s’oppose à celle de Collins qui est plus sceptique en n’ayant guère confiance en Diêm. Mansfield met également en garde contre l’intensification de l’engagement au Vietnam.
Le constat est clair, à savoir que les prédecesseurs de JFK ont une part de responsabilité, et celui-ci hérite d’une situation quelque peu tendue au sud avec des protestations de plus en plus vives contre Diêm. Le spécialiste de la guerre du Vietnam John Prados justifie la responsabilité d’Eisenhower:
«Il a mis derrière Diêm tout le poids de l’Amérique et a renoncé aux conditions de son soutien qu’il avait pourtant lui même fixées. Cela a eu pour conséquence de rendre les Etats-Unis complices d’une violation flagrante des accords de Genève et de les engager auprès d’un régime dont le chef ne voyait aucune nécessité d’une orientation différente de celle qu’il avait adoptée.»
J.Prados
L’Indochine, un territoire familier pour Kennedy
Toujours est-il que Kennedy s’engage auprès de Diêm, qu’il a déjà rencontré lorsqu’il était tout jeune sénateur du Massachussets, en 1952. Il est de suite séduit par ce personnage qui est catholique, comme lui. JFK a été marqué par ce voyage en Indochine et a pu y voir le mécontentement des Vietnamiens face à la présence française.
A son retour aux Etats-Unis, il condamne le colonialisme français au Vietnam et souhaite réorienter la politique américaine en Indochine. En 1954, il se montre sceptique au Congrès sur une éventuelle intervention américaine pour soutenir les Français à Dien Bien Phu.
Durant l’été 1956, lors d’un discours au premier gala de l’American Friends of Vietnam (AFV), il qualifie le Sud-Vietnam de «terrain d’essai de la démocratie.» Il le considère alors comme un laboratoire. Kennedy n’ignore pas la situation au Vietnam et a déjà une connaissance du terrain et des évènements.
Kennedy et le Vietnam
Lorsqu’il accède à la fonction suprême, JFK veut alors prendre son temps et analyser la situation, en s’adaptant aux évènements en cours. Il tâtonne sur l’attitude à adopter au Vietnam. L‘implication de Kennedy au Vietnam a fait l’objet de multiples analyses, et les avis divergent concernant son implication dans le conflit et sa responsabilité dans l’engagement des Etats-Unis dans ce qui sera appelé plus tard le bourbier vietnamien.
Il est clair qu’il a joué un rôle crucial dans l’engagement de ce pays, et il convient alors d’analyser la politique de JFK au Vietnam et de se pencher sur une éventuelle responsabilité de celui-ci dans ce qui deviendra par la suite un engagement massif des Américains en Asie du Sud-Est dans un conflit qui perduera jusqu’en 1975.
Plusieurs critères sont à prendre en compte, à savoir que JFK est confronté à d’autres enjeux concernant la politique internationale, comme la baie des Cochons et la crise des missiles à Cuba. Au début de son mandat, les Américains n’ont pas connaissance de la situation au Vietnam, c’est seulement lorsque l’engagement s’intensifie et que la presse commence à s’y intéresser que la population en a connaissance.
Ensuite, les décisions de JFK sont influencées par le calendrier, à savoir une éventuelle réélection en 1964. Enfin, il s’entoure de conseillers qui le tiennent informé en permanence sur l’évolution de la situation, et il faut savoir que ces conseillers seront les mêmes sous l’administration Johnson.
Les décisions de JFK sont fortement influencées par les comptes-rendus de ses conseillers. L’étude de la politique de JFK au Vietnam peut se découper en trois points, tout d’abord la manière dont Kennedy réagit et aborde le Vietnam au début de son mandat avec un engagement progressif, ensuite les difficultés qui se font sentir sur le terrain avec des rapports plus ou moins erronés de ses conseillers. Pour terminer, il s’agira de revenir sur les décisions du président et sa responsabilité dans la suite des évènements.
Comment Kennedy aborde le sujet Vietnamien ?
Kennedy au Vietnam renforce son armée
Tout d’abord, John Kennedy, en rupture avec la politique de son prédécesseur, renforce les effectifs dans son armée avec 500 000 hommes de plus en 1963. Il veut se doter d’une armée efficace. Partisan de la politique de l’endiguement, JFK est inquiet de l’avancée des communistes dans les principales villes du Sud-Vietnam, et la défense du monde libre est sa priorité. La situation au Vietnam lui donne l’occasion d’agir, c’est pour cela qu’il s’adapte et tâtonne pour combattre au mieux la présence communiste en aidant le sud de différentes manières.
Il s’agit de s’adapter militairement avec la «riposte graduée» pour redoubler d’efficacité dans les villages en privilégiant la souplesse et la mobilité. Le président veut être renseigné rapidement et clairement, et sa priorité est la lutte contre la progression communiste, c’est pour cela qu’il faut procéder à diverses réformes.
Kennedy est partisan de la politique de contre-insurrection, et les militaires sur place doivent être au contact de la population. Le président crée l’unité des Bérets verts avec un objectif clair : entraîner et conseiller une formation d’élite de l’armée de la république du Sud-Vietnam (ARVN) : les Rangers.
L’armée américaine ne fait que conseiller, sans agir directement. Diêm se méfie de la présence américaine. Kennedy ne s’arrête pas la et crée en avril 1961 une «task force» interministérielle chargée d’élaborer un programme d’action pour le Vietnam avec à sa tête le sous secrétaire d’Etat à la Défense : Roswell Gilpatric.
JFK augmente les effectifs des conseillers et renforce de 20 000 hommes l’ARVN. Il ajoute 100 nouveaux conseillers, ce qui fait un total de 785 soldats américains sur place. Il envoie également 400 Bérets verts. Tout cela est certes ambitieux de la part de Kennedy mais ces mesures n’empêchent pas la rébellion de progresser et de gagner du terrain.
De plus, il est confronté à des problèmes plus urgents avec en avril l’échec retentissant de la baie des Cochons, ce qui lui sert de leçon. Désormais, Kennedy se méfie de la CIA. En mai 1961, pour confirmer son soutien au Sud-Vietnam, il envoie son vice-président Lyndon Johnson sur place.
Celui-ci rencontre Diêm et le qualifie de «Churchill de l’Asie du Sud-Est.»
Les hommes du président
Après sa prise de fonction, Kennedy accorde une grande importance aux hommes qui l’entourent pour le conseiller. Il choisit, avec son frère Bobby, les hommes les plus compétents, capables de faire face aux situations les plus complexes en agissant rapidement et efficacement. Ceux qui entourent le président sont alors qualifiés ainsi : «the best and the brighest» autrement dit les meilleurs et les plus intelligents. Ces hommes vont jouer un rôle crucial dans la politique de JFK au Vietnam. La rupture avec l’ère Eisenhower est bien visible.
Kennedy veut s’entourer d’hommes brillants, à commencer par Maxwell Taylor, que Kennedy admire. Il est chargé de le conseiller concernant les affaires indochinoises. En juillet 1961, il le nomme conseiller personnel pour les affaires militaires. Frederick Nolting remplace Elbridge Durbrow en tant qu’ambassadeur au printemps 1961.
L’ambassadeur a un rôle clé car il est directement sur place et en contact avec Diêm. La nomination de Nolting, fervent soutien de Diêm contrairement à Durbrow, aura de lourdes conséquences pour la suite. McGeorge Bundy et Walt Rostow doivent s’occuper, de leur côté, des crises internationales en trouvant des solutions pour y remédier.
Bundy, Rostow et Taylor, partisans de la manière forte au Vietnam, sont les proches conseillers du président. Les généraux Victor Krulak et Edward Lansdale rappellent au président Kennedy les glorieux souvenirs de la Seconde Guerre mondiale, JFK ayant lui-même combattu dans la Pacifique à la tête de sa vedette lance-torpilles, le PT-109, en 1943 et ayant sauvé son équipage après que son navire ait été coupé en deux par un destroyeur japonais.
Kennedy compare Lansdale à James Bond et sa carrière est couronnée de succès après ses exploits aux Philippines au début des années 1950. Lansdale est aux manettes pour amener Diêm au pouvoir. Lorsqu’il arrive au Vietnam en juin 1954, il doit soutenir le régime naissant. Krulak, quant à lui, a été décoré pour son héroïsme durant la guerre du Pacifique. Pour le poste de Secrétaire d’Etat, Kennedy nomme Dean Rusk. Le président veut avoir le dernier mot en matière de politique étrangère. Rusk est assisté de Averell Harriman et George Ball.
Enfin, Robert McNamara est le véritable architecte de la guerre du Vietnam. Son efficacité est sans appel. Le journaliste et écrivain américain David Halberstam parle de lui en ces termes :
«Il était une figure rassurante pour les deux présidents [Kennedy et Johnson]. Et on savait que si McNamara s’occupait de quelque chose, il le ferait bien. Si c’était une guerre, ce serait une bonne guerre.»
D. Halberstam
Issu d’Harvard, McNamara gravit les échelons chez Ford jusqu’à en devenir le PDG. Kennedy lui propose le poste de Secrétaire à la Défense. C’est à partir de 1962 que McNamara s’occupe du Vietnam et prend les choses en main. Tous ces hommes sont présents aux côtés du président pour le Vietnam, et c’est bien sur ces hommes que se fie Kennedy pour prendre ses décisions.
Or tous les avis divergent, certains sont partisans de la manière forte, d’autres non. Rusk et Ball en sont le parfait exemple. Ball s’oppose à l’escalade militaire au Vietnam, ce qui n’est pas le cas de Rusk. De plus, un problème de taille se pose, à savoir que tous ses hommes connaissent mal la réalité du terrain, c’est ce qu’affirme McNamara dans ses mémoires :
«Je n’avais jamais visité l’Indochine et je ne comprenais rien à son histoire. On pourrait en dire autant, à des degrés divers, du président Kennedy, de Dean Rusk, de McGeorge Bundy ou de Maxwell Taylor. Quand il s’agissait du Vietnam, nous nous trouvions en position de décider d’une politique pour une terra incognita.»
McNamara
Cette inexpérience du terrain est un handicap pour ces hommes qui se doivent d’agir efficacement en trouvant des solutions au conflit sur place. Enfin, JFK accorde une grande importance au Conseil national de sécurité, il devient un centre de décision de plus en plus important et JFK lui accorde de plus amples responsabilités. Voici donc la situation au début du mandat de JFK.
Celui-ci privilégie le dialogue, qui sera sans aucun doute nécessaire pour tenter de régler et gérer la situation au Vietnam. Dès 1961, Kennedy est confronté à une évolution de la situation au Vietnam et se doit d’agir.
Kennedy au Vietnam renforce ses mesures pour répondre à la menace communiste
En 1961, les attaques viet-cong se multiplient. Pour rappel, ce sont les Américains qui surnomment les Vietnamiens communistes «Viet-Cong.» Le FNL (Front National de Libération) crée le 20 décembre 1960, obéit à Hanoi. Parallèlement, les Forces armées populaires de libération (FAPL) font leur apparition.
Ho Chi Minh envoie des hommes au sud. Ceux-ci sont très actifs et mènent des actions multiples en étant bien implantés. Mobiles, ils sont capables de s’infiltrer et attaquent par surprise. Un exemple d’attaque viet-cong est celle du 18 septembre 1961.
Phuoc Vinh, à moins de 100 kilomètres de Saigon, est attaquée par les Viet-Congs qui prennent le contrôle de la ville et libèrent des prisonniers communistes. Cette attaque est un choc pour la population qui ne se sent plus protégée. C’est à partir de ce moment que Diêm accepte la présence américaine.
L’inquiétude est grande à Saigon. Le constat est clair, à savoir que le Viet-Cong est bien implanté avec des attaques de plus en plus fréquentes. Le 23 mai, les communistes s’en prennent à la ville de Hué. Le Viet-Cong est largement soutenu par le Nord-Vietnam, ce qui affaiblit considérablement le Sud-Vietnam. Les Américains se doivent de réagir, l’armée sud-vietnamienne est en difficulté.
L’entourage de Kennedy l’incite à employer des moyens adéquats pour faire face aux attaques et redresser l’armée du sud. L’aide ne fait que s’accroître et les dépensent augmentent, ce qui n’arrange guère la situation. En fait, l’aveuglement est bien présent du côté américain avec des militaires persuadés de leur toute puissance et donc positifs dans toutes les situations, ce qui ne reflète pas la réalité du terrain avec des Viet-Congs qui recrutent et se perfectionnent.
En approuvant la directive NSAM-65 du Conseil national de sécurité, Kennedy permet une augmentation des conseillers et fournit l’équipement nécessaire.
Taylor et Rostow se rendent sur place pour analyser la situation, ils restent optimistes malgré la dégradation de la situation militaire. Une augmentation des conseillers militaires est requise. Le rapport Taylor-Rostow préconise l’envoi d’artillerie, des moyens aériens ainsi que trois escadrilles d’hélicoptères et un renforcement du groupe de conseil et d’assistance militaire (MAAG).
Or Taylor, qui ne manque pas d’optimisme, veut se montrer plus ferme face à la menace communiste. Il propose un engagement militaire de 8000 combattants américains. Les mesures sont approuvées.
Les avis divergent dans l’entourage du président, et certains sont moins optimistes que Rostow. C’est le cas de l’ambassadeur des Etats-Unis en Inde, John Kenneth Galbraith, qui met en garde JFK face à l’incapacité du régime de Diêm et à l’escalade militaire. Or le président veut se montrer ferme et n’en tient pas compte. En juin 1961, De Gaulle a également prévenu Kennedy en lui expliquant qu’il n’existe pas de solution militaire au Vietnam. Kennedy est largement conseillé et il écoute tous les avis. Cependant, il est critiqué d’une part par les Républicains qui pointent du doigt sa mollesse et par l’aile droite des Démocrates.
Il est conscient qu’il faut des résultats et il considère que les Etats-Unis sont déjà trop engagés. Le 22 novembre 1961, la directive n°111 du Conseil de sécurité national prévoit l’envoi de conseillers en renfort ainsi que du matériel plus moderne et un appui de moyen aérien.
Mais Kennedy est bien contre un engagement massif de troupes de combat et envoie seulement des conseillers. Mais cela commence à se faire savoir, et la presse américaine commencent à s’intéresser au Vietnam.
Les difficultés sur le terrain
Les rapports trop optimistes en décalage avec la réalité du terrain
John Kennedy, de plus en plus interrogé sur la situation au Vietnam, tente de contourner, et répond brièvement, sans s’attarder. Les renforts de matériel et de militaires doivent rester secrets, d’autant plus que JFK a d’autres points à traiter en politique international. «Nous avons vingt Vietnam à régler par jour», affirme Robert Kennedy.
L’année 1962 voit la création du Military Assistance Command in Vietnam (MACV) placé sous la direction de Paul Harkins (qui était avec Taylor à West Point). Son rôle est de diriger les opération militaires et l’aide au Sud-Vietnam. Or la nomination de Harkins à ce poste est une erreur de la part de JFK car celui-ci ne cessera de lui faire des rapports trop optimistes sur la situation au Vietnam, ce qui induit le président en erreur.
Sa stratégie est simple et se résume en trois mots :
Les effectifs de l’ARVN ne font qu’augmenter, et les conseillers sont de plus en plus présents sur terrain, et même autorisés à tirer pour se défendre. Les conseillers et les instructeurs ne restent pas à l’arrière. La confiance règne chez McNamara et Harkins. De plus, le rôle de l’US Air force n’est pas à négliger.
Les bombardements s’intensifient en 1962, mais ils sont contre-productifs. JFK autorise l’utilisation de défoliants sur les zones cultivées pour décourager les Viet-Congs, mais les conséquences sont catastrophiques pour la population. La puissance militaire américaine se déploie, surtout au printemps 1962, avec les hélicoptères, les frappes plus intenses et les blindés légers.
Les Américains surveillent les Viet-Congs avec leurs avions, et l’hélicoptère permet de s’affranchir des contraintes du terrain. Ces hélicoptères sont hérités de la guerre de Corée : les H-21 Shawnee. Enfin, le M113 équipée d’une mitrailleuse lourde traverse les rizières et surprend les ennemis, avec son blindage que les balles ne peuvent percer. Malgré tout cet attirail, il est compliqué de rencontrer, d’affronter et de vaincre l’ennemi qui connaît bien le terrain.
Les statistiques sont faussées et les pertes ennemies exagérées. Les rapports du MACV, trop optimistes, ne révèlent pas la réalité du terrain.
Le président sud-vietnamien Tho affirme que «la plupart des morts dans cette guerre ne sont pas des combattants Viet-Congs mais bien des civils tués par les forces gouvernementales. Si tous ces morts étaient des Viet-Congs, la guerre serait déjà finie…» Les Viet-Congs sont déterminés et organisés, contrairement à une armée sud-vietnamienne indisciplinée. Ils s’adaptent à l’environnement et aux évènements et mènent des embuscades. Des officiers s’en plaignent, c’est le cas du lieutenant-colonel John Paul Vann, outré face au manque d’efficacité de l’ARVN.
Encore une fois, Harkins minimise la situation et ne tient pas compte des propos de Vann qui sont censés alerter sur la situation. Lors d’une conférence à Honolulu, Harkins se montre plus que confiant : «Il n’y a aucun doute que nous sommes sur le chemin de la victoire.»
La réalité prouve le contraire, et ce sont bien ces rapports optimistes qui ont trompé le président. McNamara le reconnaît dans ses Mémoires :
«Nous avons appris par la suite que beaucoup de ces mesures étaient trompeuses ou erronées. Dans mes commentaires publics, je tempérais l’optimisme des militaires sur l’évolution positive des opérations, mais j’étais encore bien loin du compte.»
McNamara
Il parle en effet du nombre de prisonniers, de morts, d’armes saisies etc.
Une situation critique tant socialement que militairement
La situation au Vietnam évolue et plus le nombre de militaires augmente, plus les Etats-Unis sont au courant de ce qu’il s’y trame. La presse commence à s’y intéresser de près, des journalistes américains se rendent même sur place.
C’est le cas de David Halbertstam du New York Times. Ces journalistes livrent la réalité des faits en dévoilant le bourbier dans lequel les Américains sont en train de s’enfoncer. La situation sur place est critique. Le sénateur du Montana Mike Mansfield se montre de plus en plus pessimiste en voyant le climat instable qui règne avec les nombreuses contestation face à Diêm et son entourage qui sont loin de faire l’unanimité, notamment à cause de la corruption et de sa politique autoritaire.
Diêm survit miraculeusement à un attentat, et les Américains s’interrogent et pensent à le remplacer. Or durant 1962, le Vietnam n’est pas au coeur des priorités de JFK. En octobre, il doit faire face à la crise des missiles à Cuba. La situation évolue et l’ambassadeur en Inde, John K. Galbraith, fait part à Kennedy de son souhait d’ouvrir les négociations et lui propose, le 1er avril 1962, de réduire l’engagement militaire au Sud-Vietnam.
Le débat évolue, et la question est désormais de savoir s’il faut retirer des conseillers, et s’il faut, plus globalement, un désengagement. Harkins est chargé d’étudier cela sur place. Les généraux, à ce moment, sont fortement hostiles à un éventuel désengagement. Les conséquences en seraient désastreuses. De plus, si JFK pense au désengagement, c’est bien grâce aux rapports positifs qu’il reçoit. Or ils sont erronés.
Les rapports de la CIA sont également falsifiés avec un John McCone à la tête de la CIA qui ne veut pas décevoir et donc qui modifie la réalité. Mais cette réalité est toute autre puisque les forces communistes sont plus efficaces et subissent moins de pertes que l’ARVN.
Progressivement, les Américains s’enfoncent.
Les Américains en plein bourbier vietnamien
Un exemple en est l’échec retentissant de la bataille d’Ap-Bac, malgré tout le matériel utilisé.
L’objectif est simple, à savoir la destruction d’un émetteur radio Viet-Cong dans le hameau de Tan Thoi, au coeur du delta de Mékong. Dans le village tout proche d’Ap-Bac, des combattants Viet-Congs, ayant anticipé l’attaque, sont présents et ont pu s’organiser pour faire face. Le colonel Dam, commandant de la 7eme division, est aux manettes. Les conseillers américains, quant à eux, sont dirigés par le lieutenant-colonel John Paul Vann.
La tactique est simple et organisée : 330 hommes progresseront au sud vers Tan Thoi, deux bataillons de la garde civile sud-vietnamienne avanceront vers Ap-Bac et des troupes blindées seront présentes sur le flanc ouest pour empêcher les ennemis de s’enfuir en les encerclant.
Le soutien aérien est permanent. L’opération est prévue pour le 2 janvier 1963. Le jour j, le brouillard est bien présent et handicape la première compagnie déposée au nord de Tan Thoi. Quant à la garde civile qui progresse au sud, elle est surprise par les Viet- Congs qui surgissent de leur cachette. Des renforts sont alors envoyés par cinq hélicoptères HU-1 Iroquois qui escortent les H-21. Or ceux-ci subissent les coups de feu ennemis et les cinq huey n’ont aucun effet sur les ennemis enterrés dans leurs trous. Un huey s’écrase et cinq appareils sont abattus.
La situation est critique pour le la 7eme armée de l’ARVN. Les blindés m-113 sont vite stoppés suite aux contraintes naturelles et les Viet-Congs, déterminés, ouvrent le feu sur ces blindés.
Certains reculent et d’autres sont immobiliés. Enfin, des parachutistes atterissent au village de Tan Thoi et doivent faire face aux coups de feu ennemis. C’est une catastrophe pour les Américains et l’ARVN avec 19 morts, dont deux conseillers américains. A la tombée de la nuit, les communistes se retirent. Suite à cette défaite, le Vietnam passe au premier plan en faisant la une des journaux.
Les Américains s’enfoncent véritablement… La presse n’est pas tendre et dévoile les «opérations bidons» menées par l’ARVN. Le New York Times en effet publie un article peu flatteur le 1er mars 1963 et dévoile ces opérations, mettant en avant le manque de motivation et l’incapacité de l’ARVN. Suite à la défaite d’Ap-Bac, le général Maxwell Taylor envoie 6 généraux et un amiral pour une mission d’enquête sur le terrain. Ils doivent porter un jugement sur la situation au Sud-Vietnam, ce qui aboutit à un rapport de 29 pages dans lequel la bataille d’Ap-Bac n’est mentionnée qu’une seule fois.
Le constat est clair et pour le moins optimiste : il faut le la persévérance pour aller chercher la victoire. Cependant, une autre enquête menée par Roger Hilsman et Michael Forrestal au Sud- Vietnam témoigne d’une situation plus critique avec une corruption du régime de Diêm. Si les Etats-Unis veulent vraiment gagner cette guerre, le conflit sera plus long selon eux.
A ce moment, Kennedy commence à être contrarié par le Vietnam et est conscient que la situation est grave et compliquée, il emploie une expression significative en parlant de la situation actuelle et de la difficulté des Américains et des armées du Sud-Vietnam. Il évoque un «éléphant essayant de tuer une mouche.» Kennedy, conscient de la situation catastrophique au Vietnam, ne perd pas de vue son objectif de réélection en 1964, ce qui a un impact sur ses décisions. L’année 1963 est décisive pour le Vietnam.
JFK, confronté aux enjeux de réélection, voit la situation empirer au Sud-Vietnam.
Kennedy mène un double jeu et joue en quelque sorte avec le feu. En privé, il évoque la possibilité de se retirer du Vietnam, mais cela se ferait après sa réélection, pour ne pas être accusé de faiblesse et ainsi compromettre ses chances. Or plus le temps avance et plus il est compliqué de revenir en arrière. JFK affirme à son ami et journaliste Charles Bartlett la chose suivante :
«Charlie, je ne peux pas abandonner le Vietnam aux communistes et demander ensuite à ces gens [les électeurs américains] de me réélire. Il faudra, d’une manière ou d’une autre que nous tenions ce pays pendant toute la campagne électorale de 1964. Nous avons déjà cédé le Laos, et si je lâche le Vietnam, je ne pourrai pas me présenter devant le peuple. En même temps, nous n’avons aucun avenir là-bas ! Les Sud-Vietnamiens nous détestent. Ils veulent que nous partions, et un jour viendra où ils nous botteront le cul.»
JFK
Mais en public, c’est une autre histoire, JFK exprime son soutien au régime sud-vietnamien, notamment sur CBS lorsqu’il répond aux questions de Walter Cronkite :
«Tout ce que nous pouvons faire, c’est aider et nous le faisons savoir très clairement, mais je ne suis pas d’accord avec ceux qui disent que nous devrions nous retirer. Ce serait une grande erreur. Je sais qu’on n’aime pas que les Américains soient engagés dans un effort de ce genre (…) mais c’est une lutte très importante bien, qu’elle se déroule très loin.»
JFK
Kennedy joue alors sur les deux tableaux pour endormir ses adversaires, et il est prudent pour ne pas compromettre ses chances de réélection.
Cependant, JFK doit revoir ses plans et agir vite suite à la dégradation de la situation au Sud- Vietnam. Diêm se montre de plus en plus indocile et autoritaire envers son peuple. Les libertés individuelles sont restreintes, notamment le droit de manifester. Diêm est un fervent catholique, on l’a vu, mais la majorité de la population est bouddhiste, mais Diem privilégie les catholiques, ce qui mécontente la majorité de la population.
Avec son frère et sa femme madame Nhu, il se montre impitoyable, ce qui va provoquer sa chute. Début mai 1963, les bouddhistes célèbrent à Hué l’anniversaire de la naissance de Bouddha, mais Diêm interdit le déploiement des bannières multicolores traditionnelles, ce qui mécontente fortement les bouddhistes. Diêm était plus complaisant avec les fidèles catholiques qui sont descendus dans la rue pour fêter l’ordination de son frère, l’évêque Thuc.
Le 8 mai, les bouddhistes manifestent et l’armée ouvre le feu sur la foule. Les bouddhistes se révoltent ensuite et certains se suicident sur la place publique en signe de protestation. Face à cette situation complexe, les Américains se questionnent, à savoir continuer à soutenir Diem ou alors aider les généraux pour une prise de pouvoir, ce qui se fait de plue en plus sentir.
Diêm ne veut faire aucune concession. A ce moment, Kennedy remplace l’ambassadeur Nolting par son ancien adversaire en 1952 pour accéder au Sénat : le républicain Henry Cabot Lodge, face auquel il avait gagné. Bob Kennedy affirme qu’il serait plus judicieux se se retirer du Vietnam, ce qui n’est pas le cas de Dean Rusk et McNamara. Kennedy envoie des hommes sur place, mais n’est guère satisfait de leurs conclusions.
L’ambassadeur Henry Cabot Lodge, sur place et donc observateur des évènements et de la situation critique au Vietnam, affirme qu’un coup d’Etat contre Diêm est imminent. Le 2 novembre au matin, le général Duong Van Minh dirige une tentative de coup d’Etat qui aboutit, avec l’accord de Washington.
à la grande surprise des Américains qui ne s’attendaient pas à cette fin tragique. Kennedy est anéanti, selon les dires de son entourage. La chute de Diem symbolise alors l’échec des Américains au Vietnam. A partir de ce moment, l’avenir est incertain, et les Américains ne savent par qui remplacer Diêm.
Kennedy et le Vietnam, ses responsabilités
Enfin, il s’agira pour terminer d’étudier de plus près les décisions du président et ainsi voir sa responsabilité dans ce qui va suivre après sa mort tragique, le 22 novembre 1963 à Dallas. Arrêtons nous quelques instants sur les mots sévères du conseiller de Kennedy Arthur Schlesinger :
«Vers 1961, les possibilités de choix s’étaient dangereusement raréfiées ; mais cependant si le problème vietamien avait été traité comme un problème politique plutôt que militaire, si Washington n’avait pas écouté si longtemps le général Harkins, si Diem avait été soumis à une pression modérée plutôt que d’être traité avec un respect excessif, si Lodge avait été à Saigon en 1961 au lieu de Nolting…si…si…, maintenant tout cela était du passé.»
Arthur Schlesinger
Schlesinger expose ici les principales erreurs de Kennedy, autrement dit le soutien à Diêm qui a perduré alors qu’il était fortement critiqué de toute part, la nomination du général Harkins, trop optimiste sur la situation au Sud-Vietnam et qui en venait à modifier les rapports ce qui a influencé les décisions du président, et le soutien également immodéré de l’ambassadeur Nolting à Diêm, même quand celui-ci se montrait plutôt indocile.
Un autre problème de taille s’est posé, et ce problème perduera tout le long du conflit : l’ignorance des dirigeants et des conseilles qui n’ont aucune connaissance du terrain, contrairement à des ennemis bien implantés et qui sont chez eux. De plus, JFK n’a pas écouté De Gaulle, qui, selon les Américains, se mêlait de ce qui ne le regardait pas. JFK, en attendant d’être réélu, a perdu énormément de temps, aucun retour en arrière n’était possible.
La question est alors de savoir, en se penchant sur les différentes analyses, de voir ce que Kennedy comptait vraiment faire s’il n’était pas tombé sous les balles de Lee Harvey Oswald. Dire qu’il aurait procédé à un désengagement des troupes après 1964 est trop simple, vu la dégradation de la situation sous Johnson. Les avis divergent, et il convient de s’y attarder.
Kennedy et le Vietnam, le désengagement, un mythe ?
Les historiens américains John Newman et Howard Jones évoquent un éventuel désengagement de la part du président. Mais lorsque Kennedy y pense de son vivant, cela reste purement secret. Le 2 octobre 1963, le rapport de Taylor et McNamara, qui a étudié ce désengagement, est clair. S’il y a désengagement, le retrait des soldats est envisageable dès 1965.
Kennedy prend note. Le 12 novembre, lorsque Kennedy discute avec l’élu démocrate Wayne Morse, fortement opposé à sa politique au Vietnam, il lui affirme vouloir agir, mais pas trop tôt afin d’éviter les critiques des autres partis. La conférence d’Honolulu du 20 au 21 novembre témoigne d’une dégradation de la situation militaire en dévoilant que les rapports sont trop optimistes. Le chef du Conseil national de sécurité McGeorge Bundy prépare une nouvelle directive (NSAM-273) afin d’intensifier la lutte.
Le calendrier de retrait des conseillers est confirmé au paragraphe 7. Il s’agit, d’après cette directive, de conduire des actions contre le Nord, mais ce sont seulement les troupes sud-vietnamiennes qui doivent agir. JFK veut trouver des solutions et agir pour le Sud-Vietnam. Le 26 novembre 1963, le président Johnson approuve la directive NSAM-173, il poursuit alors la politique de JFK au Vietnam. Le retour des conseillers est prévu fin décembre. Or le changement est visible au paragraphe 7, où il était mention d’une intervention contre Hanoi des armées sud-vietnamiennes seulement.
Désormais, il est mention d’intervention militaires directes contre Hanoi, ce qui prouve que le conflit s’intensifie sous l’administration Johnson. Le programme Oplan-34A autorise des attaques au Nord par des commandos de marine avec des actions de sabotage et des batailles navales. Les premiers bombardements aériens américains ont lieu en août 1964. Tout cela s’avère nécessaire suite à la dégradation de la situation sur place, c’est ce qu’affirme le secrétaire à la Défense Robert McNamara :
«En septembre 1963, nous pensions encore pouvoir désengager nos conseillers en 1965, mais après les offensives que nous avons connues, il est clair que ce n’est plus possible.»
Robert McNamara
La situation est telle qu’un retour en arrière n’est pas envisageable.
JFK, un président qui veut pas qu’on lui dicte ses règles
Kennedy était trop engagé pour reculer, et un éventuel désengagement aurait été utilisé pour faire pression sur Diêm, selon l’historien Fredrik Lovegall. Bob Kennedy, ainsi que Dean Rusk, sont sceptiques envers la possibilité d’un désengagement et donc d’un retrait des troupes. Lors d’une interview en 1964, Robert Kennedy, en réponse à la question : Qu’aurait fait le président face à une menace d’écroulement miliaire ? avoue :
«Nous aurions fait face quand cela se serait produit.»
La stratégie est bien ici de s’adapter. Mais il est bien sûr impossible de dire ce que JFK aurait fait ou non, seules des hypothèses sont évoquées. Kennedy était un personnage extrêmement complexe, doué d’un immense sang-froid. Il est à noter qu’il est très différent du président Johnson dans sa manière de diriger. JFK veut une liberté d’action et c’est bien lui qui décide en dernier recourt. Il privilégie le débat et le dialogue et aime s’entourer de ses conseillers avant de prendre une décision. Il veut régler la question du Vietnam à son rythme, sans que quiconque lui impose son choix. Kennedy a su, contrairement à Johnson, s’émanciper de ses conseillers. Kennedy est un homme réfléchi, posant le pour et le contre avant de prendre une décision.
Au Vietnam, en prenant son temps pour se décider, il est confronté à un dilemme, à savoir prendre le temps de se décider mais en même temps agir pour ne pas être accusé de mollesse par les autres partis. Kennedy a voulu limiter les dégâts au Vietnam, mais en prenant son temps et en continuant à soutenir Diêm, il a vu la situation se dégrader sur place.
Sa mort le 22 novembre 1963 laisse le mystère entier. McNamara, qui reconnaît dans ses mémoires les erreurs commises au Vietnam, ne fustige pas Kennedy, en adoptant un point de vue plus optimiste si Kennedy n’avait pas été assassiné. Il serait alors judicieux de terminer sur ce passage qui en dit long sur la confiance que McNamara accordait à Kennedy :
«Avec l’avantage d’une connaissance de l’intérieur, je pense qu’il est extrêmement probable que, si le président Kennedy n’était pas mort, il nous aurait désengagé du Vietnam. Il aurait conclu que les Sud-Vietnamiens étaient incapables de se défendre eux-mêmes et qu’il était peu raisonnable de tenter de compenser les limites de l’armée sud-vietnamienne en envoyant des forces combattantes américaines sur une grande échelle.»
McNamara
Libre à chacun de se forger sa propre opinion.
FAQ
Ngô Đình Diệm, il meurt lors du coup d’État supporté par les États-Unis contre lui.
Lyndon B. Johnson
Le 22 novembre 1963
La présence française qui se termine à Ðiện Biên Phủ
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