Charlemagne, devenu empereur, réorganise l’Église en profondeur pour en faire un outil de sa politique. Cette influence se manifeste notamment sur le dogme même de l’Église, avec des décisions marquantes concernant le culte des images et la liturgie. Ses actions visent à renforcer l’unité religieuse et à affirmer son autorité sur l’Église.
Sommaire
Une Église sous tutelle
Charlemagne, devenu empereur, estime être le chef de l’Église. Durant son règne, il va la réorganiser en profondeur et en faire l’un des principaux outils de sa politique.
Un dogme en évolution
Cette influence se fera sentir tout d’abord sur le dogme même de l’Église. C’est Charlemagne qui réunit le second concile de Nicée, en 787. Y est débattue l’une des questions les plus importantes de l’époque en matière de religion : la légitimité du culte des images saintes. Un compromis est trouvé, aux termes duquel la vénération des images est tolérée et la destruction des œuvres d’art découragée.
En 791, Charlemagne dénonce les conclusions du concile et envoie Angilbert à Rome pour demander qu’il soit récusé. Bien que le pape Adrien défende l’orthodoxie dudit concile, Charlemagne passe outre et réunit un concile de l’Occident à Francfort. Celui de Nicée est désavoué, et Théodulf expose une nouvelle doctrine qui relègue les images à de simples supports pour l’instruction religieuse.
Contre l’hérésie
Le concile réaffirme en outre la consubstantialité du Père et du Fils et dénonce l’adoptianisme, doctrine selon laquelle le Christ serait le « fils adopté » de Dieu. Cette croyance est alors défendue par Éli, archevêque de Tolède, et Félix, l’évêque d’Urgell.
En 797 et en 798, Alcuin rédige un traité, « Contre l’hérésie de Félix ». Benoît d’Aniane écrit quant à lui plusieurs ouvrages condamnant cette doctrine. En 800, Alcuin et Félix se rencontrent en présence de Charlemagne, et l’évêque d’Urgell se rétracte.
Charlemagne défend aussi le filioque, qui veut que l’Esprit saint procède du Père et du Fils. Il exige que le pape l’inclue au Credo et charge Alcuin d’écrire un traité sur le Saint-Esprit pour défendre ce dogme face à l’Église d’Orient. En 809, il réunit un nouveau concile qui confirme la légitimité du filioque. Une fois de plus, le pape Léon III proteste, mais en vain contre cette réforme du Credo.
Une nouvelle liturgie
Charlemagne ne limite pas ses interventions au dogme. Il demande ainsi à Alcuin de rédiger une version de la Bible unifiée et débarrassée des ajouts et des erreurs accumulés par les copistes successifs. Il charge également d’adapter la liturgie romaine, qu’il impose comme seule valable au sein de son royaume. À partir de 794, il fait ainsi admettre deux usages romains : le baiser de paix et la lecture des listes de saints spécialement invoqués. Il encourage la pratique du plain-chant, que l’on appellera plus tard le chant grégorien.
Questions-Réponses
Charlemagne a réorganisé l’Église pour en faire un outil de sa politique, influençant le dogme et la liturgie.
Le concile de Nicée a débattu de la légitimité du culte des images saintes et a trouvé un compromis sur leur vénération.
Il a imposé une version unifiée de la Bible et a adapté la liturgie romaine, favorisant le plain-chant comme pratique liturgique.