À la fin de son règne, la réaction aux réformes de Philippe le Bel se manifesta vivement, notamment contre une subvention impopulaire. Sous la pression des mécontents, le roi dut annuler cette mesure, tentant d’apaiser un climat politique tendu. Il prévoyait de rééditer l’ordonnance de réformation de mars 1303, mais sa mort interrompit ce projet.
Sous Louis X, la réaction aux réformes engagées sous Philippe le Bel prit deux formes distinctes : des vengeances à la cour et des ligues provinciales mobilisées pour défendre leurs intérêts. Bien qu’apparaissant simultanément, ces mouvements ne sont pas liés. Les ligues, en particulier, continuèrent à faire entendre leurs revendications au nouveau souverain, prolongeant ainsi la réaction aux réformes initiées sous Philippe le Bel.
Sommaire
- Philippe le Bel et la subvention annulée
- Les cahiers des ligues de 1314
- Les chartes provinciales de Louis X
- Les demandes et les réponses
- Revendications des ligueurs
- L’activité et la disparition des ligues
Philippe le Bel et la subvention annulée
Philippe le Bel céda; la subvention nouvelle, prétexte de l’agitation, fut « mise à néant ». Les appelants (appellantes et conquérentes) furent convoqués à Paris, pour le second dimanche du carême, afin de proposer leurs motifs. Et le roi se préparait, pour donner satisfaction aux mécontents, à rééditer, encore une fois, l’ordonnance de réformation publiée en mars 1303, lorsqu’il mourut.
Les cahiers des ligues de 1314
Sous Louis X, il faut distinguer deux formes de réaction contre le règne précédent. À la cour du roi s’exercèrent contre les conseillers du feu roi des vengeances particulières : c’est ainsi que Charles de Valois obtint l’exécution d’Enguerran de Marigni. Dans le pays, les ligues provinciales, dont la petite noblesse était l’âme, continuèrent la campagne d’opposition commencée en 1314. Mais ces deux mouvements de réaction, synchroniques, ne sont pas liés. Les oncles du roi, les princes de la famille royale, les grands seigneurs de la cour ne faisaient pas cause commune avec les ligues.
Les chartes provinciales de Louis X
Quoique les ligues n’aient pas trouvé de chefs ni de protecteurs à la cour de Louis X, elles ont néanmoins été en mesure de présenter des réclamations au nouveau roi. Quelques mois après son avènement, au printemps de 1315, Louis X leur a accordé des chartes : Charte aux Bourguignons, Charte aux Picards, Charte aux Champenois, Charte aux Normands, etc. Dans quelques-unes de ces chartes, les cahiers des ligueurs sont insérés in extenso, avec les réponses de la cour, article par article.
Les demandes et les réponses
Voici, à titre d’exemple, les articles des « nobles et autres personnes » du comté de Champagne, qui sont très nettement rédigés, avec les réponses de la cour.
- « Nous avons accoutumé, déclarent les Champenois, de donner de nos terres à nos serviteurs, nobles et autres, en récompense de leurs services, en retenant par devers nous le fief et l’hommage; on nous en empêche. »
- Réponse : « Qu’ils le fassent, mais aux personnes nobles seulement, et pourvu que le fief ne soit pas trop diminué par ces libéralités. »
- « Le roi n’a rien à voir ni à connaître en nos terres, si ce n’est en cinq cas : pour défaut de droit, appel de faux jugement, garde ancienne d’église, bourgeoisie royale, et non-exécution d’obligations sous le scel royal. »
- Réponse : « Nous accordons que, dans les terres des hauts justiciers, nous ne justicierons point, sauf dans les cas précités, ou dans les autres qui nous appartiendraient par droit royal. »
Revendications des ligueurs
Les ligueurs de 1314 n’ont voulu que le retour au passé, des réformes rétrogrades, le rétablissement des « bonnes coutumes » et des usages du temps de saint Louis. Leur audace n’allait qu’à faire appel aux « registres de monseigneur saint Louis » et à demander la mise en vigueur des anciennes ordonnances.
L’activité et la disparition des ligues
Les nobles d’Artois s’étaient ligués, non seulement contre l’arbitraire royal, mais contre leur comtesse, Mahaut d’Artois. Cependant, le mouvement dévia rapidement en raison de questions de succession. Les « alliés » d’Artois, excités, pillèrent le château de la comtesse à Hesdin, et la guerre commença. Le roi (Louis X) intervint pour rétablir la paix, mais les violences continuèrent.
Questions-Réponses
La subvention nouvelle, qui fut finalement annulée.
Louis X a accordé des chartes aux Bourguignons, Picards, Champenois, Normands, etc.
Les réponses du roi n’ont pas satisfait les Champenois, qui ont demandé des « additions » et des « déclarations » pour clarifier les droits royaux et la souveraineté.