<style>.lazy{display:none}</style>Eylau et la Moskova, quand la victoire se transforme en défaite.

Eylau et la Moskova, quand la victoire se transforme en défaite.

Petite étude tactique et analyse comparative de deux (fausses ?) victoires napoléoniennes que sont Eylau et la Moskova.

NB : La bataille de la Moskova (ou Moskowa) est également nommée bataille de Borodino. Cependant, c’est aussi le nom donné à un affrontement qui a lieu plus tard durant l’opération Barbarossa. Il a opposé entre le 13 et le 18 octobre 1941 le XL panzer korps allemand et la 5e armée soviétique, qui fut repoussée vers Moscou malgré sa résistance tenace. De fait, afin d’éviter toute confusion nous choisissons d’utiliser uniquement le nom de « la Moskova ».

Introduction de l’étude entre Eylau et la Moskova

Louis-François Lejeune, aide-de-camp du maréchal Berthier, écrit après la bataille d’Eylau les lignes suivantes : « Nous pûmes alors contempler le plus effrayant de tous les tableaux, auquel un ciel neigeux et très couvert prêtait ses lugubres couleurs. Les lignes, les carrés du combat, les chocs de cavalerie étaient tracés sur le sol par des tas de cadavres amoncelés ; les blessés, trop nombreux pour être secourus de suit, se traînaient et s’entassaient les uns sur les autres pour se réchauffer ».

Militaire de formation, enrôlé en 1792 mais également peintre par passion, il participe à plusieurs campagnes d’Empire. Ses faits d‘armes sont également nombreux : Somosierra, second siège de Saragosse, Lützen, ect…C’est également lui qui a peint la célèbre huile sur toile Bataille de la Moskova, 7 septembre 1812. Il présente cet affrontement comme une bataille gigantesque, avec de nombreuses mêlées et un feu particulièrement dense. Il s’agit là des représentations de deux différentes batailles, opposants Français et Russes, mais qui à elles seules se différencient complètement des autres batailles napoléoniennes.

Eylau, c’est la boucherie dépeinte par Gros, une bataille qui semble avoir échappée à l’Empereur tant les pertes sont affolantes et les objectifs non-atteints, même si ce dernier traverse en vainqueur le champ de bataille.

La Moskova symbolique quant à elle un « choc des géants », une bataille qui se voulait décisive et sur laquelle tant d’espoir ont été mis. Une sorte de Leipzig avant l’heure, où les « gros bataillons » pour reprendre l’expression de Napoléon pèseraient de tout leur poids sur l’issue de la bataille. Il n’en a pas été ainsi. Bien que l’Empereur ait, dans les deux cas, déployé considérablement d’hommes et d’énergie et qu’il est resté, en dernier lieu, le maitre du champ de bataille, il n’a pas atteint ses objectifs initiaux. Pire, il est passé sous certains aspects au bord de la défaite, si bien que ses adversaires, les généraux russes, revendiquent eux-aussi la victoire.

Eylau et la Moskova sont dans l’imaginaire collectif deux victoires françaises à la Pyrrhus, mais la réalité est bien plus compliquée que cela. Si on prend la période 1801-1812 et si on excepte Essling, qui est pour le coup une défaite à part entière, ce sont les seuls grands engagements dans lesquels l’Empereur a vraiment été mis en difficulté.

Napoléon a certes connu des épreuves ou des imprévus (les aléas de la guerre) à de nombreuses occasions, comme par exemple à Rivoli ou à Smolensk, mais les batailles étudiées ici sont d’un autre niveau. Eylau et la Moskova rassemblent à titre d’exemple des moyens colossaux, tant en hommes et en artillerie, moyens que l’on verra déployés uniquement à Wagram et à la « bataille des Nations » en 1813. Pourquoi ces victoires apparentes peuvent être assimilées à des défaites impériales ?

Quels atouts l’Empereur n’a pas su jouer pour faire pencher véritablement le sort des armes en sa faveur ? La prestation des généraux russes leur permet-elle vraiment de s’approprier la victoire, aussi faible soit-elle ? Dans un premier temps, nous étudierons la bataille d’Eylau, premier grande bataille indécise des guerres de l’Empire.

Dans un second temps, nous montrerons pourquoi la bataille de la Moskova, plus tardive par rapport à Eylau, n’arrange aucun des deux camps malgré les immenses efforts consentis lors de celle-ci. En dernier lieu, une comparaison sera faite, dans la mesure du possible et sans tomber dans l’absurde, entre les deux batailles, tant au niveau des conséquences tactiques que stratégiques.

Bataille d’Eylau

Première grande boucherie impériale

Bataille de la Moskova

Le choc des titans tant désiré