1870, le siège de Paris

Siège de Paris, 1870

Suites aux échecs de l’armée française, les prussiens débutent le siège de Paris. La résistance se fera dans des conditions extrêmement difficiles avec la famine mais aussi la désillusion des armées de secours.

Sommaire

On a abattu l’éléphant du jardin des Plantes. Il a pleuré. On va le manger. Nous avons mangé ce malin un bifteck d’éléphant! » Ne croit-on pas rêver?

S’agit-il d’une plaisanterie ou d’un affreux cauchemar ? Il ne faut pourtant voir là que la stricte réalité. Ces lignes, en effet, ont été écrites à Paris par Victor Hugo, pendant le célèbre siège de Paris 1870-1871.

Victor Hugo raconte également : « On fait des pâtés de rats. On dit que c’est bon. Hier nous avons mangé du cerf, avant-hier de l ’ours, les deux jours précédents de l’antilope..

Ce n’est même plus du cheval que nous mangeons, c’est peut-être du chien? c’est peut-être du rat? Nous mangeons de l’inconnu. J’émiette aux poules notre pain noir. Elles n’en veulent pas. »

Ce témoignage vécu nous donne de précieux renseignements sur les pénibles conditions de vie que connurent les Parisiens pendant ce triste hiver de guerre.

Début du siège de Paris, le 18 septembre 1870

C’est le 18 septembre 1870 que les troupes prussiennes apparaissent devant Paris et en commencent l’investissement.

Deux mois seulement se sont écoulés depuis la malencontreuse déclaration de guerre par la France (19 juillet). L’armée française, insuffisamment prête et surtout très mal commandée, est allée d’échec en échec.

Après la perte de l’Alsace (4-6 août), la Lorraine a été envahie et le maréchal Bazaine s’est laissé enfermer dans Metz, avec les meilleures troupes françaises.

La dernière armée, sous les ordres de Napoléon III et du maréchal de Mac-Mahon, non seulement na pas réussi à dégager Metz, mais est venue se jeter dans le piège tendu par les Prussiens. C’est le désastre de Sedan (2 septembre).

L’Empereur est prisonnier. À Paris, le régime impérial s’effondre sans résistance et la République est de nouveau proclamée, tandis qu’un gouvernement provisoire est aussitôt formé sous la présidence du gouverneur de Paris, le général Trochu. Les républicains ont confiance.

Les armées qui viennent d’être vaincues n’étaient que celles de
l’Empereur; c’est maintenant la France entière qui va se dresser contre l’envahisseur et le refouler au-delà des frontières!

Le gouvernement décide de rester dans la capitale et se borne à envoyer en province, à Tours, une délégation de deux membres.

Après l’échec d’une entrevue entre le ministre français des Affaires étrangères et le chancelier prussien Bismarck, l’ennemi, qui a bousculé la défense française à Châtillon, investit complètement Paris le 19 septembre.

La ville est désormais coupée du reste du pays avec lequel elle ne peut plus correspondre que par l’intermédiaire de pigeons voyageurs ou de ballons libres.

Les efforts pour briser le siège de Paris

Les Prussiens établissent autour de Paris une ligne d’investissement de 90 kilo- mètres, tenue par 200 000 hommes avec 320 pièces de canons pour bombarder la ville.

Cependant, la situation de la cité est loin d’être désespérée. Les approvisionnements, commencés dès le milieu du mois d’août, comprennent, sans compter les provisions privées, une masse de farine de blé (évaluée à une consommation de 71 jours), 30 000 bœufs et 180000 moutons.

Malheureusement, au lieu de faire sortir de la place assiégée les bouches inutile, on y laisse la population entière, femmes, enfants, invalides, auxquels sont venus s’ajouter les paysans de région parisienne, paysans qu’Alphonse Daudet nous décrit, errant lamentablement dans les rues et regrettant leur campagne.

Protégée par son enceinte continue construite en 1840, flanquée de 16 forts, garnie bientôt de plus de 2 000 canons dont quelque 200 pièces d’artillerie lourde de marine, la capitale semble imprenable militairement si elle est défendue énergiquement.

Or le général Trochu dispose, en plus de 75 000 à 80 000 hommes de troupes régulières, de marins des forts, de 115 000 gardes mobiles et de 350 000 gardes nationaux. Il est vrai que la majeure partie de ces gardes mobiles et gardes nationaux est indisciplinée, manque d’entraînement et de cadres solides. Aussi Frochu est-il persuadé que ces troupes, suffisantes pour défendre la ville, sont incapables d’assurer une percée victorieuse. Pour lui, la délivrance ne peut venir que de la province.

Le 9 octobre, Gambetta, le jeune ministre de l’Intérieur, quitte Paris en ballon pour Tours, afin de donner impulsion à la « levée en masse » d’où doit venir le salut. En attendant de pouvoir mener une
action d’envergure en liaison avec la future armée de la Loire, Trochu se borne à tenter de petites opérations offensives : Villejuif est réoccupé le 23 septembre, mais une tentative sur Rueil échoue. Des reconnaissances sont effectuées vers Choisy-le-Roi, Bagneux et Bougival.

Pendant ce temps, à Tours, Gambetta, investi d’une quasi-dictature, fait preuve d’une activité remarquable. Pour organiser inlassablement de nouvelles armées. En quatre mois, il met sur pied et équipe 600 000 hommes, avec plus de 1 400 canons, auxquels s’ajoutent un grand nombre de Corps francs, volontaires français et étrangers
(dont Garibaldi).

Ces armées improvisées, mal équipées, plus ou moins bien encadrées manquent évidemment de solidité, mais peuvent néanmoins espérer bénéficier de la supériorité numérique. Malheureusement, la soudaine capitulation de Bazaine dans Metz (le 27 octobre), en rendant disponibles les Prussiens qui l’assiégeaient, enlève aux défenseurs de la capitale ce dernier avantage.

De son côté, le siège de Paris traîne en longueur. Les Allemands subissent chaque jour des pertes. Inlassablement, les télégrammes ennemis répètent la formule : Devant Paris, rien de nouveau! » Enfin, le 9 novembre, l’armée française formée sur la Loire prend l’offensive,
délivre Orléans, puis, après un temps d’arrêt, tente (le 17 décembre) de marcher sur Melun.

De son côté, l’armée parisienne, alertée par télégramme, effectue le 30 novembre la grande sortie qui doit lui permettre de percer, puis de faire sa jonction vers Fontainebleau avec l’armée de la Loire.

Accompagné de 100 000 hommes, le général Ducrot attaque et occupe le plateau de Champigny, sur lequel il réussit à se maintenir. Les Parisiens voient déjà l’armée prussienne prise entre deux feux. Hélas! Il n’y a désormais plus d’armée de la Loire : elle a été brisée par « l’avalanche venue de Metz! » Déjà Ducrot, comprenant qu’il lui est impossible de rompre l’encerclement, a ramené ses troupes dans l’enceinte de Paris.

L’agonie de la capitale

Dans Paris, la situation s’aggrave. L’hiver précoce est exceptionnellement rigoureux. Dès le 17 décembre, la température est descendue à 10° au-dessous de zéro.

Or le combustible manque. Les Parisiens ont froid. Ils ont faim également. Les vivres ont été rationnés, mais bientôt ils deviennent rares.

Le pain, fabriqué en mêlant des farines de qualité médiocre et du son à la farine de froment, est noir et indigeste. La ration n’est d’ailleurs que de 300 grammes par jour et par personne. On ne vend plus que de la viande de cheval (qui donne … maux d’estomac à Victor Hugo, malgré son appétit légendaire). On mange les chats, les chiens, les rats et animaux du Jardin des Plantes.

Les denrées alimentaires atteignent des prix fabuleux. Le 27 décembre, un oignon se vend 5 centimes, une pomme de terre 5 centimes également; or, le 7 janvier, le litre d’oignons atteint le prix de 7 francs, un petit navet vaut 40 centimes; le 13 janvier, un sac d’oignons atteint le prix record de 800 francs, un rat se vend 2,75 F, etc.

« On ne parle plus que de ce qui se mange, peut se manger, de trouver à manger… La plus mince portion de cheval, y compris les os, donnée pour le déjeuner d’un appétit ordinaire, constitue la nourriture de deux personnes pendant trois jours. Du beurre, on n’en parle plus et même la graisse, autre que la chandelle ou le cambouis à lubrifier les roues, a disparu…

Le fromage est à l’état de souvenir; quant aux pommes de terre, il faut des protections pour s’en procurer à 20 francs le boisseau! Du café, du vin, du pain, voilà la nourriture de la plus grande partie de Paris. » (Journal des Goncourt.)

Aussi, si les familles riches parviennent encore à se nourrir au « marché noir », les autres (un ouvrier gagne de 2,50 F à 4 F par jour) n’ont que la ration quotidienne de pain et de viande qu’il a fallu attendre des heures dehors à la porte de la boulangerie et de la boucherie.

La mortalité des enfants est énorme. À l’horreur de la famine vient s’ajouter celle des bombardements que le roi de Prusse Guillaume Ier, cédant aux sollicitations de Bismarck et de De Roon, a ordonnés. Le bombardement systématique commence le 5 janvier.

Limité à la rive gauche, il fait relativement peu de victimes, mais il apparaît aux Parisiens comme un acte de barbarie.

La capitale ne peut plus compter sur le secours de la province. En effet, le général Chanzy et la seconde armée de la Loire ont été battus au Mans (11 janvier); l’armée du Nord, commandée par Faidherbe, est vaincu à Saint Quentin et rejetée sur Cambrai (19 janvier); l’arme de
l’Est enfin, avec Bourbaki, est arrêtée le 17 Janvier à Héricourt, puis repoussée sur Besançon, avant d’être contrainte de se réfugier en Suisse où elle est désarmée.

À Paris, le général Trochu, harcelé par l’opposition révolutionnaire qui lui reproche son inertie, et par m’opinion publique qui réclame la « sortie torrentielle », la « trouée en masse », décide de faire une ultime tentative pour rompre l’étreinte ennemie.

Le 19 janvier, 90 000 hommes se lancent sur les plateaux qui dominent la Seine à l’ouest de Paris. Ils sont arrêtés à Buzenval après un combat sanglant. Trochu donne sa démission, refusant de prendre la responsabilité d’un combat nouveau « qui serait une tuerie sans but ».

Paris est alors sous la menace d’une révolution. Déjà le 31 octobre, à l’annonce d’un échec au Bourget et de la capitulation de Metz, certains bataillons de gardes nationaux ont tenté de renverser le gouvernement.

Après Buzenval, une nouvelle tentative d’insurrection a lieu le 22 janvier. Elle est sévèrement réprimée.

Extrait d’un menu pendant le siège

  • Consommé de cheval au millet
  • Brochettes de foie de chien à la maître d’hôtel
  • Émincés de râble de chat sauce mayonnaise
  • Épaule de filets de chien sauce tomate
  • Civet de chat aux champignons
  • Côtelettes de chien aux petits pois
  • Salmis de rat à la Robert
  • Gigot de chien flanqué de ratons
  • Salade d’escarolles
  • Bégonia au jus
  • Plum-pudding au jus et à la moelle de cheval
  • Dessert et vins

Menu d’un grand dîner pendant le Siège de Paris.

Fin du siège de Paris

Paris est à bout. C’est le dénouement. Le 23 janvier 1871, Jules Favre se rend à Versailles, auprès de Bismarck, pour négocier un armistice.

Il s’agit en réalité d’une véritable capitulation : désarmement de l’enceinte et des troupes (sauf 12 000 hommes et les gardes nationaux), occupation de tous les forts, contribution de 200 millions de francs. Il reste à Paris une dernière humiliation à subir : le 1er mars, l’entrée des troupes prussiennes.

FAQ

Quand débute le siège de Paris ?

C’est le 18 septembre 1870 que les troupes prussiennes apparaissent devant Paris et en commencent l’investissement.

Qui dirige Paris pendant le siège ?

À Paris, le régime impérial s’effondre sans résistance et la République est de nouveau proclamée, tandis qu’un gouvernement provisoire est aussitôt formé sous la présidence du gouverneur de Paris, le général Trochu. Les républicains ont confiance.

Quand se termine le siège de Paris ?

Le 23 janvier 1871, Jules Favre se rend à Versailles, auprès de Bismarck, pour négocier un armistice. Il s’agit en réalité d’une véritable capitulation.

Qui est le vainqueur du siège de Paris ?

Bismarck

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