L’alliance entre Philippe le Bel et les Colonna, ainsi que les tensions avec Boniface VIII, marquent une période complexe de l’histoire médiévale. Ce texte explore les événements clés de cette époque, notamment les manœuvres politiques, les conflits d’autorité et les relations entre le roi de France et le pape.
Sommaire
- Contexte de l’alliance entre Philippe et les Colonna
- Les origines du second différend
- La première ambassade de Guillaume de Nogaret
- L’état d’esprit de Boniface VIII
Contexte de l’alliance entre Philippe et les Colonna
Pierre Flote escroqua ainsi, par une sorte de chantage, la canonisation de saint Louis, la bulle Etsi de statu et toutes les autres lettres, datées de juillet et d’août, qu’il rapporta d’Orvieto en France. Quant aux Colonna, ils furent abandonnés : « Pierre Flote, dit amèrement le cardinal Pierre, leur fit savoir qu’avant son départ leur affaire serait honorablement réglée. Or, voici comment elle fut réglée. Dans l’Église des Frères Mimeurs d’Orvieto, il y eut des paroles de réconciliation entre le roi et Boniface; puis on proclama que les cardinaux Colonna, les autres Colonna et leurs partisans étaient des hérétiques et des traîtres. »
Vers la fin de l’année, Boniface accorda à ceux qui prendraient la croix contre les Colonna les mêmes indulgences qu’à ceux qui partaient pour la Terre Sainte. Les Colonna se soumirent à l’automne de 1298. Mais la crainte de l’alliance du roi de France avec les Colonna et les partisans de Célestin n’était pas la seule raison de l’attitude de Boniface. La guerre contre les Aragonais et des Gibelins de Sicile, qui se faisait aux frais du Saint-Siège, ne finissait pas. Le 1er octobre 1298, le pape invita l’évêque de Vienne à demander, de sa part, des subsides au clergé de France : « Le rétablissement de l’autorité de l’Église en Sicile, condition de la croisade d’outremer, était, disait-il, à ce prix. »
Les origines du second différend
Philippe était d’intelligence avec des hommes que Boniface haïssait. Les Colonna vaincus avaient été internés à Tivoli. Après que Boniface eut fait passer la charrue sur les ruines de leur ville de Palestrina, « comme des Romains, jadis, avaient fait à Carthage », ils s’enfuirent et trouvèrent un asile dans le pays de Narbonne. En Allemagne, Albert d’Autriche avait détrôné Adolphe de Nassau, roi reconnu par le Saint-Siège. Or, Boniface apprit avec douleur que Philippe avait eu, à Quatrevaux, près de Toul, le 8 décembre 1299, une entrevue avec l’usurpateur Albert. L’envoyé du comte de Flandre à Rome entendit le pape s’écrier, à la nouvelle de cette entrevue, en présence des cardinaux : « Ils veulent tout ébranler. »
La première ambassade de Guillaume de Nogaret
C’est à cette époque que Guillaume de Nogaret alla pour la première fois en Italie avec une ambassade française. Nogaret lui-même l’a raconté plus tard, dans un de ses Mémoires : « Je fus envoyé, dit-il, en 1300, pour les affaires du roi, vers Boniface, afin de lui signifier, entre autres choses, l’amitié établie entre ledit roi et celui d’Allemagne, pour le bien de la paix, de l’Église romaine, et de l’expédition d’outremer. »
Il serait naïf d’ajouter foi aux rapports de Nogaret, si fort intéressé à ce que les choses se soient passées comme il les présente. Au dire de l’homme du roi, Boniface se serait élevé, avec la plus grande violence, contre l’usurpation d’Albert d’Autriche. « Il n’oublia pas le roi de France, ajoute notre légiste, et, pour l’effrayer, le couvrit d’injures. »
L’état d’esprit de Boniface VIII
Tandis que les conseillers les plus écoutés de Philippe nourrissaient contre le Saint-Siège cette hostilité venimeuse, Boniface, inconscient du danger, inaugurait le siècle nouveau par un magnifique Jubilé, qui attirait en Italie une foule de pèlerins. L’infatigable vieillard était alors en proie à une exaltation singulière, entretenue par son entourage. Pour le flatter, les envoyés de Flandre lui répétaient qu’il était « le juge universel des choses tant spirituelles que temporelles » ; qu’il pouvait juger et déposer l’Empereur, à plus forte raison le roi de France.
Naturellement colérique, il semble que, à partir de 1300, Boniface ait été dans un état permanent d’exaspération. Il menaça le roi de Naples d’anathèmes et de « châtiments plus graves » s’il cessait de combattre en Sicile les ennemis de l’Église. Il interdit aux Hongrois de se choisir un roi et écrivit aux Florentins, leur rappelant que le pontife romain, vicaire du Tout-Puissant, commande aux rois et aux royaumes.
Questions-Réponses
Pierre Flote était un conseiller de Philippe le Bel qui a utilisé le chantage pour obtenir la canonisation de saint Louis et pour manipuler les Colonna, les qualifiant d’hérétiques et de traîtres.
Les Colonna se sont soumis après que Boniface VIII a promis des indulgences à ceux qui prendraient la croix contre eux, tout en étant confrontés à la pression de l’alliance entre Philippe le Bel et les partisans de Célestin.
Boniface VIII a exprimé sa colère et son mécontentement envers Philippe, tout en cherchant à affirmer son autorité à travers des proclamations et des menaces, notamment lors du Jubilé de 1300.