Philippe III, surnommé Philippe le Hardi, a régné sur la France dans un contexte politique complexe marqué par des rivalités entre royaumes et des enjeux dynastiques. Son règne est caractérisé par des conflits avec l’Angleterre et des manœuvres diplomatiques en Languedoc. Les premières années de son règne ont été marquées par des événements significatifs, notamment la succession d’Alfonse de Poitiers et les relations avec les royaumes du Midi.
Sommaire
Les premières années du règne
C’est Charles d’Anjou qui liquida l’expédition de Tunis. Louis IX était mort le 25 août 1270; la paix fut conclue en septembre avec le sultan, et l’armée des croisés revint en France, par la Sicile et la Calabre. En route, périrent Thibaut de Navarre, la reine Isabelle (dont le mausolée se voit encore à la cathédrale de Cosenza) et beaucoup d’autres. À Viterbe, les rois de France et de Sicile pressèrent les cardinaux de mettre un terme à la vacance du Saint-Siège, qui durait depuis deux ans. Puis, Charles retourna en Pouille; en mai 1274, Philippe était à Paris.
La première affaire qui sollicita l’attention du gouvernement royal, après le couronnement, fut la prise de possession de l’héritage d’Alfonse de Poitiers et de sa femme, décédés sans enfants au retour de la croisade. Il était à craindre que cette très riche proie fût disputée : en effet, le roi d’Angleterre allait réclamer, aux termes du traité de 1259, l’Agenais et d’autres territoires. Les Languedociens pouvaient profiter de la réunion définitive de leur pays au domaine direct de la couronne pour protester encore une fois et solliciter l’appui de l’Aragon. Mais l’héritage (Poitou, Toulousain et dépendances) fut « saisi » par les gens du roi avec promptitude et vigueur.
Seul, Roger Bernard, comte de Foix, ayant été cité à comparaître à la cour du roi pour se justifier d’excès qu’il avait commis dans une guerre privée, refusa et s’arma. Cette bravade fournit un prétexte pour « promener » dans les nouvelles provinces, comme dit le chroniqueur Guillaume de Puilaurens, « la justice et la majesté » du roi : Philippe en personne parut « dans les parties de Toulouse » avec une grosse armée. La campagne, qui fut plutôt, en effet, une promenade militaire qu’une campagne, se termina le 5 juin 1272 par la prise du château de Foix.
C’est ainsi que la dynastie capétienne recueillit sans effort le fruit des combinaisons préparées, depuis 1229, par la force et la politique. Quant aux prétentions anglaises, Henri III ne manqua pas de les produire, mais il mourut en novembre 1272. Son fils, Édouard I, revint aussitôt d’Orient, où il était allé se battre lorsque la croisade française avait été détournée sur Tunis. Au mois d’août 1273, il prêta hommage à Philippe, « pour toutes les terres qu’il devait tenir de la couronne de France », ce qui réservait l’avenir.
Puis il alla passer plus d’un an dans son duché de Guienne, où deux petites guerres locales sévissaient : en Limousin, la vicomtesse Marguerite, soutenue, à la cour de France, par maître Giraut de Maumont, clerc du roi, bataillait contre la commune de Limoges; en Béarn, le vicomte Gaston menaçait, de ses châteaux des Pyrénées, les officiers anglais du duché. La vicomtesse et le vicomte furent plusieurs fois mis en déroute par les gens ou les partisans d’Édouard; mais battus, ils avaient la ressource de l’appel au roi de France, suzerain supérieur.
Relations avec les royaumes du Midi
Il n’y a rien de plus confus que les événements qui suivirent la mort de Grégoire X (janvier 1276). La pensée de la croisade fut, encore une fois, abandonnée, à cause des différends entre les princes. Au cours de ces différends, le gouvernement de Philippe II commit des fautes et subit des désastres. Les forces de la France, capitalisées sous Louis IX, furent dépensées en pure perte, dans des aventures sans gloire, sans profit et sans issue.
Deux événements, arrivés en 1274 et en 1275, avaient attiré l’attention du gouvernement royal du côté des Pyrénées. Le 22 juillet 1274, Henri III de Navarre mourut, laissant la tutelle de madame Jeanne, sa fille, qui était très jeune, à sa veuve, Blanche d’Artois. Mais les princes de Castille et d’Aragon avaient des intelligences en Navarre et des prétentions sur cette couronne; le roi d’Angleterre avait sollicité pour son fils, du vivant de Henri III, la main de madame Jeanne.
Le roi de France, protecteur naturel de Blanche d’Artois et de Jeanne, ne manqua pas de prendre en main leur cause : par le traité d’Orléans (mai 1275), Blanche céda à Philippe III les droits qu’elle avait jusqu’à la majorité de sa fille, et Jeanne fut fiancée au second fils de Philippe (qui fut Philippe le Bel). Un officier très énergique, Eustache de Beaumarchais, sénéchal de Toulouse, fut désigné pour administrer et défendre la Navarre.
En août 1275, la mort de Fernand de la Cerda, fils aîné d’Alfonse X de Castille, époux de Blanche de France, créa de nouveaux griefs entre la Castille et la France. Les représentations de Philippe ne furent pas accueillies. La cour de France offrit un asile à Blanche et aux partisans des infants. En 1276, la guerre pour la défense des deux veuves (Blanche d’Artois et Blanche de France), et des orphelines (Jeanne de Navarre et les infants de la Cerda), parut inévitable.
Questions-Réponses
Philippe III, surnommé Philippe le Hardi, était le roi de France durant une période marquée par des rivalités politiques et des conflits dynastiques.
Les premières années de son règne ont été marquées par la prise de possession de l’héritage d’Alfonse de Poitiers et les tensions avec le roi d’Angleterre, Henri III.
La situation en Navarre était tendue après la mort d’Henri III de Navarre, avec des prétentions des princes de Castille et d’Aragon, et le roi de France intervenant pour protéger les droits de la veuve et de la fille d’Henri III