La Guerre de Crimée résulte de la volonté de la France et de l’Angleterre à limiter l’influence et l’accès de la Russie à la Méditerranée. Du coté Russe, il s’agit de s’assurer le contrôle des détroits pour avoir accès à la Méditerranée.
Sommaire
- Contexte de la Guerre de Crimée
- Ambitions françaises et craintes anglaises
- Les revendications russes
- La guerre de Crimée
- Offensive à Sébastopol
- Le terrible hiver de Crimée
- Le congrès de Paris : triomphe de Napoléon III
Au XIXe siècle, l’homme politique anglais John Bright a pu déclarer : « La Crimée fut un crime. » Ce jeu de mots a trouvé audience chez un certain nombre d’historiens qui ont estimé qu’en effet cette guerre avait été déclarée pour des prétextes bien minces et était avant tout le résultat d’une diplomatie maladroite.
En outre, les traités de paix qui la conclurent créèrent, à leurs yeux, une situation politique beaucoup plus dangereuse que celle qui existait antérieurement. En réalité, malgré certaines apparences, la façon dont fut déclarée et conclue la guerre de Crimée mérite un jugement plus nuancé.
Sur un point, cependant, l’opinion est unanime : la guerre fut très mal conduite.
Contexte de la Guerre de Crimée
Avec la guerre de Crimée se pose la tragique « question d’Orient ». Ses données multiples sont essentiellement liées aux ambitions des puissances européennes en Méditerranée orientale.
La Turquie, qui avait naguère fait trembler l’Occident, connaît une rapide décadence. Néanmoins, la « Sublime Porte » possède encore une partie notable de l’Asie et de l’Europe, avec l’importante ville de Constantinople.
Dans les pays européens qu’elle a en son pouvoir, elle fait peser sur les populations chrétiennes un régime dur et arbitraire. Aussi plusieurs peuples soumis songent-ils à imiter la Grèce qui, après une lutte sévère, a obtenu son indépendance (1830).
Or, les grandes puissances d’Europe sont inquiètes d’une situation qui peut déclencher à tout moment une crise en Méditerranée.
La Russie désire établir une sorte de protectorat sur les chrétiens orthodoxes des Balkans, et surtout obtenir le contrôle des détroits (Bosphore et Dardanelles) pour pouvoir faire éventuellement passer sa flotte de guerre de la mer Noire à la Méditerranée.
Les Anglais veulent à tout prix assurer la sécurité de la « route des Indes » (par le Proche-Orient) et empêcher les Russes de pénétrer en Méditerranée orientale. Ils sont donc favorables à l’intégrité de l’Empire ottoman et à la fermeture des détroits.
La France, de son côté, veut être présente en Méditerranée et aspire à assurer la protection des catholiques de l’Empire ottoman. Enfin, l’Autriche est très hostile à une hégémonie russe sur la péninsule balkanique, avec laquelle elle a des frontières communes.
Ambitions françaises et craintes anglaises
Le 2 décembre 1852, Louis-Napoléon Bonaparte devient empereur des Français sous le nom de Napoléon III. Déjà, en mai 1850, alors qu’il n’était que prince-président, il avait soulevé la question des « Lieux saints », dont il réclamait la garde pour les congrégations
religieuses catholiques romaines.
Les orthodoxes, soutenus par Ie tsar de Russie Nicolas Ier, avaient protesté avec véhémence contre cette prétention. En février 1852, Louis-Napoléon, désireux de se concilier en France la faveur des catholiques français, obtient un firman (décret) du sultan qui restitue aux catholiques les clefs de douze des Lieux saints. Mais, en même temps, il fait savoir au tsar que la situation de fait ne sera pas changée et que les moines orthodoxes conserveront la garde des sanctuaires qu’ils possédaient antérieurement.
Ce conflit qui semblait une querelle insignifiante devait déclencher la guerre.
En effet, la Grande-Bretagne, très inquiète depuis que le tsar avait proposé à Londres un partage des possessions de « l’homme malade » (la Turquie), poussait les Turcs, par l’intermédiaire de son ambassadeur à Constantinople, lord Stratford de Redcliffe, à résister à la pression russe. En même temps, le gouvernement britannique, peu désireux de voir les Russes prendre une trop grande importance en Méditerranée, se rapprochait de Paris.
Or, Napoléon III voyait dans une alliance anglaise le moyen de rompre enfin l’isolement politique de notre pays en Europe, conséquence du second traité de Paris, signé en 1815.
Les revendications russes
Les Russes, invoquant le traité de Kutchuk Kaïnardji (1774) font alors valoir leurs prétentions et réclament un véritable protectorat sur tous les orthodoxes de l’Empire turc. C’est la menace de leur mainmise sur les Balkans, ce que ne peut admettre la Grande-Bretagne. Soutenu par celle-ci et par la France, le sultan résiste.
Le tsar, ne prévoyant sans doute pas la réaction franco-anglais;
fait alors pénétrer ses troupes dans les principautés de Moldavie et de Valachie (Roumanie actuelle), le 3 juillet 1853, et déclare qu’il les occupera jusqu’à ce que la Russie obtienne satisfaction.
De nouveaux efforts sont faits pour éviter la guerre. Une conférence d’ambassadeurs réunis à Vienne rédige un projet, la « Note de Vienne », établissant une sorte de protectorat franco-russe sur les
chrétiens des Balkans. La Russie le refuse. La Turquie lui déclare la guerre et entame les hostilités le 23 octobre 1853.
La guerre de Crimée
Les premières semaines ne voient se dérouler aucune bataille sérieuse, mais, le 30 novembre, la Russie détruit la flotte turque dans la baie de Sinope. Les flottes de France et d’Angleterre pénètrent
alors en mer Noire (janvier 1854)
La Russie refuse toutes les propositions et, le 27 mars, Français et Britanniques entrent en guerre malgré la défection de l’Autriche et de la Prusse qui restent neutres.
Le conflit se déroule sur terre plutôt que sur mer. Les Anglais, commandés par Lord Raglan, comptent 25 000 hommes, tandis que
les français menés par le maréchal de Saint Arnaud, sont un peu plus nombreux (30 000).
Les premières campagnes comportent principalement des sièges soulignés par des combats sans grands résultats. Au cours de l’été, la Russie décide d’évacuer les principautés et, au mois d’août, c’est chose faite.
Offensive à Sébastopol
C’est alors que se pose sérieusement la question de savoir où se déroulera la guerre… Les Alliés décident finalement d’attaquer l’arsenal de Sébastopol, en Crimée.
Le 14 septembre, 50 000 soldats (français et anglais) débarquent au nord de la ville. Mais leur équipement est mal adapté et ils en abandonnent une grande partie (notamment des tentes et des vêtements) faute de moyens de transport. C’est cependant une belle armée qui se dirige sur Sébastopol.
Le 20 septembre, les Russes, commandés par le prince Mentchikov, tentent de lui barrer la route. C’est la bataille de l’Alma à l’issue de laquelle ils sont mis en fuite; mais les pertes alliées se montent à plusieurs milliers d’hommes.
Le commandement allié souffre de divergences d’opinions entre l’impétueux lord Raglan et le prudent Saint-Arnaud. En conséquence, les Alliés mettent le siège devant la ville, constituant par là une cible vulnérable chaque fois que les Russes décident de passer à l’attaque.
Le 25 octobre, les armées se trouvent face à face à Balaklava. C’est là que se déroule un épisode tragiquement célèbre, non seulement dans la guerre de Crimée mais dans l’histoire militaire.
Se méprenant sur un ordre qui lui a été donné, le chef de la cavalerie anglaise lance les 607 hommes de sa brigade légère à l’assaut d’une position russe imprenable. C’est aller au suicide; il n’y aura que 198 survivants! Un Français, témoin de cette charge héroïque inutile, prononce cette phrase célèbre : « C’est magnifique, mais ce n’est pas la guerre. ».
Néanmoins, Balaklava marque une victoire partielle pour les Alliés, car ils ne sont pas délogés de leur position devant Sébastopol. Toutefois, si elle marque une défaite pour les Russes, de même que la bataille d’Inkermann, le 5 novembre, cause de lourdes pertes dans le camp des vainqueurs.
Le terrible hiver de Crimée
Les plus grandes difficultés commencent vraiment après Inkermann, pendant le terrible hiver de Crimée. Mal nourries, mal habillées, les faibles troupes qui stationnent devant Sébastopol souffrent horriblement du froid en 1854-1855.
Au moins 9000 hommes meurent de maladie durant le mois de février 1855 tandis que 13 000 sont hospitalisés; certains hôpitaux sont, par surcroît, si mal équipés (tel que celui de Scutari, sur le Bosphore) que la moitié des soldats succombent faute de soins.
Pourtant cette grande misère devait être à l’origine d’une importante
réorganisation des centres hospitaliers. Dès octobre 1854, Florence Nightingale (bien connue en Angleterre pour sa charité et ses capacités d’infirmière) se rend sur les lieux et se charge des réformes indispensables qui mettront fin à cette incurie.
À partir de 1855, les choses changent. Le royaume de Piémont se joint aux Alliés en janvier. Le 2 mars, Nicolas Ier meurt. Sous son successeur, Alexandre II, la paix n’est pas conclue immédiatement. Mais, peu à peu, les Alliés prennent l’avantage et les Russes se découragent. Le 8 septembre, Sébastopol est enfin prise, grâce à un magnifique assaut des Français.
Le congrès de Paris : triomphe de Napoléon III
Français et Russes ont un désir commun : terminer une guerre qui n’a presque plus de raison d’être; aussi acceptent-ils sans difficulté la médiation de l’Autriche, puis de la Prusse. La Grande-Bretagne, qui aurait voulu continuer la lutte, finit par accepter les négociations.
Un congrès se réunit à Paris sous la présidence du comte Walewski, ministre français des Affaires étrangères. Le traité de Paris, signé le 30 mars 1856, règle quatre points essentiels : la mer Noire est
déclarée neutre et interdite à toute marine de guerre (la Russie est ainsi écartée des Détroits); le sultan reconnaît l’égalité des droits entre ses sujets chrétiens et musulmans, mais l’intégrité de Empire turc est sauvegardée; les principautés de Moldavie, Valachie et Serbie acquièrent leur autonomie sous garantie collective de l’Europe; enfin la navigation sur le Danube devient libre.
En outre, dans une dernière séance, le congrès prend quelques mesures d’intérêt général en jetant les bases du droit maritime international en temps de guerre. Les décisions prises présentent donc deux traits dominants : les vainqueurs ne s’assurent aucun avantage territorial et tous les accords ont un caractère international.
Par ailleurs, le congrès marque le triomphe de Napoléon III, qui « a brisé la ligue européenne formée contre la France ». Il possède l’alliance anglaise et, par sa modération, s’est ménagé l’amitié de la Russie. Grâce à lui, Cavour réussit à poser la question italienne.
Une ère de prépondérance française semble s’ouvrir.
Il faut cependant remarquer que le congrès ne règle pas définitivement le problème des minorités chrétiennes soumises aux Turc et fait confiance à ces derniers. Aussi, la « question d’Orient » va-t-elle continuer à troubler les relations internationales pendant toute ma fin du XIXe siècle. De la rivalité austro-russe dans les Balkans sortira la guerre de 1914-1918.
FAQ
4 octobre 1853 – 30 mars 1856, deux ans.
La France, l’Angleterre et la Russie
En Crimée, particulièrement autour de Sebastopol, base russe
La France et l’Angleterre
Dossier Second Empire et Commune
Découvrez aussi
- A LA UNE (18)
- Histoire de France (96)
- Histoire des unités militaires (26)
- Histoire générale (147)
- La petite histoire de France (4)
- Memes Histoire de France (107)
- Non classé (3)
- Portraits historiques (56)
- Quiz (8)