Le Strasbourg. Le traité de Washington sur les limitations navales interdisait aux grandes puissances maritimes de se lancer dans la construction de grands bâtiments de guerre. La France, puissance navale de second plan, fut autorisée à se doter, au cours des années vingt, de deux grosses unités, le Dunkerque et le Strasbourg.
Sommaire
- Le Strasbourg comme réponse aux super-cuirassés allemands
- Mers el-Kébir : l’échappée du Strasbourg
- L’opération Catapult
- Le Strasbourg coulé par des avions américains
Le Strasbourg comme réponse aux super-cuirassés allemands
En 1933, les Français pensaient se doter d’un super-cuirassé mais le programme allemand de cuirassés de poche les amena à réviser complètement leurs plans avec le Strasbourg et le Dunkerque qui disposaient d’un blindage de 140 à 250 mm à la ceinture, de 125 à 140 mm sur le pont et de 330 mm sur les tourelles.
Conçus pour relever le défi allemand, ces deux croiseurs de bataille s’inspiraient beaucoup des bâtiments britanniques de la classe Nelson. Ils comprenaient un massif château central et portaient leur artillerie lourde à l’avant, groupée en deux tourelles de quatre pièces chacune. Le Strasbourg était armé de huit canons de 330 mm, de seize canons de 130 mm, de huit canons antiaériens de 37 mm et de 32 mitrailleuses antiaériennes. Il emportait également quatre hydravions.
Mis sur cale à Saint-Nazaire en novembre 1934, le Strasbourg fut lancé le 12 décembre 1936 et acheva ses essais au début de 1939. Le Dunkerque et le Strasbourg présentaient plusieurs défauts. Leur autonomie était modeste et leur armement secondaire, mal réparti. En principe, les canons de 130 mm devaient jouer un rôle mixte, mais mal conçus et mal placés, réduisaient leur efficacité.
L’artillerie antiaérienne, qui aurait dû se trouver au centre, occupait en fait la plage arrière, qui eût mieux convenu aux pièces à faible élévation. En dépit de ces imperfections, le Dunkerque et le Strasbourg, bien profilés et bien équilibrés, valaient leurs homologues italiens et allemands.
Caractéristiques :
- Type : croiseur de bataille
- Moteurs : 4 diesels de 130 000 ch
- Dimensions : longueur hors tout, 214 m ; largeur, 31 m
- Tirant d’eau en charge : 8,50 m
- Vitesse : 31 nœuds
- Équipage : 1 800 hommes (plus de 2 000 en temps de guerre)
- Distance franchissable en milles 7 500 soit 13 500 km
Mers el-Kébir : l’échappée du Strasbourg
Le 3 juillet 1940, l’amiral anglais Sommerville reçoit l’ordre d’attaquer les navires français ancrés en Algérie. Une tragédie qui fit plus de 1 000 morts.
L’ultimatum anglais
Muni des instructions du chef de gouvernement britannique, Sommerville quitte Gilbraltar à la tête d’une flotte comptant dans ses rangs des grosses unités, comme le Hood, le Resolution, le Valiant et l’Ark Royal, et des bâtiments moins importants, croiseurs et destroyers. En ce 3 juillet 1940, la France, ayant signé un armistice avec l’Allemagne et l’Italie, n’est plus belligérante.
Mais sa flotte, encore intacte, inquiète Churchill, qui craint qu’elle ne tombe aux mains des Allemands. Aussi exige t-il soit qu’elle rallie son alliée d’hier pour se battre à ses côtés, soit qu’elle soit désarmée dans des ports britanniques, soit qu’elle se saborde. L’amiral Gensoul, qui commande la force de raid, mouillée à Mers el-Kébir, dispose de puissantes et belles unités : le Dunkerque et le Strasbourg, flambants neufs, les cuirassés Bretagne et Provence, le transport d’hydravions Commandant Teste et une myriade de bâtiments de moindre importance.
Au terme de longs et laborieux pourparlers, l’officier français rejette toutes les propositions de Sommerville. L’affrontement est inévitable.
Le Strasbourg gagne la mer
16h 53, à contre-cœur, l’amiral britannique donne l’ordre d’ouvrir le feu. Incapables de manœuvrer, les bâtiments français encaissent les coups de l’adversaire, dont les obus de gros calibre soulèvent d’énormes gerbes d’eau à l’intérieur de la rade.
Le vieux cuirassé Bretagne, atteint de plein fouet, char vire entraînant dans la mort 977 de ses hommes. Le Dunkerque lui aussi est atteint, tout comme la Provence.
Seul le Strasbourg, dont les chaudières ont été lancées, parvient à appareiller, encadré par les tirs précis des Britanniques. Escorté par quelques contre-torpilleurs, parfaitement manœuvré, il gagne la mer peu après 17 heures et file vers Toulon. Le Hood tente de le rattraper, mais en vain. À ce moment, un cessez-le-feu est intervenu. Le drame est consommé. Plus de 1 000 marins français ont été tués, un navire de ligne coulé et trois autres endommagés.
L’opération Catapult
L’attaque de Mers el-Kébir s’inscrivit dans le cadre de l’opération Catapult, par laquelle les Britanniques entendaient s’emparer ou couler les bâtiments de la flotte française en divers endroits. Outre les navires mouillés dans la grande base navale d’Algérie, la Royal Navy neutralisa les bateaux français stationnant à Alexandrie, en Égypte, et dans les ports de Grande-Bretagne.
Le Strasbourg coulé par des avions américains
Coulé en août 1944 par des avions américains, le Strasbourg fut utilisé au large de la presqu’île de Giens pour des expériences sur les explosions sous-marines, puis sa coque fut envoyée à la casse en mai 1955.
Même si le Dunkerque et le Strasbourg étaient de bons bâtiments de guerre malgré quelques petits défauts de conception, ils ne firent pas une guerre très glorieuse. Ainsi, en 1939, le Strasbourg donna la chasse au Graf Spee, mais ne réussit pas à l’atteindre. Peu après, en 1940, les Britanniques surprirent le Strasbourg et le Dunkerque à Oran. Le Dunkerque fut sérieusement endommagé par le Hood et les avions de la flotte britannique de la Méditerranée.
Le Strasbourg parvint quant à lui à s’échapper de manière assez spectaculaire pour regagner Toulon, où le rejoignit plus tard le Dunkerque réparé. En 1942, le Strasbourg, qui porte la marque de l’amiral de Laborde est sabordé.
Le 17 avril 1943, Les italiens renflouèrent cependant le Strasbourg, qui fut restitué, en mai 1944, à la Marine française, avant d’être coulé, le 18 août 1944 lors d’un bombardement aérien américain dans le cadre du débarquement de Provence.
FAQ
Le 18 août 1944 lors d’un bombardement aérien américain dans le cadre du débarquement de Provence.
Le Graf Spee
Mers el-Kébir, Escorté par quelques contre-torpilleurs, parfaitement manœuvré, il gagne la mer peu après 17 heures et file vers Toulon.
Dossier navires de guerre
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