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Comment la France a gagné la Première Guerre mondiale ?

comment la France a gagnée la Première Guerre mondiale

La France a gagné la Première Guerre mondiale grâce à sa résilience, sa détermination mais aussi l’innovation et le principe de guerre totale.

Le soldat français dispose d’un moral très haut, d’un commandement toujours à la recherche de la dernière innovation pour remporter la guerre et d’une nation prêt au sacrifice.

Sommaire

Contexte de la France avant la bataille de la Marne

La 1ère Guerre Mondiale s’ouvre sur de très mauvaises augures pour l’Entente. La manœuvre Schlieffen pulvérise les frontières belges et propulse le gros des troupes allemandes dans le Nord de la France, rendant caduque le Plan XVII qui faisait de l’Alsace-Moselle son point focal. Les combats sur la frontière tournent alors court pour les alliés en mauvaise postures et complètement submergés : les seuls français déploreront en moyenne 13000 pertes quotidiennes tout au long des 2 semaines suivantes, avec comme on le sait la bataille de Charleroi en point d’orgue avec pratiquement 30000 morts et blessés en quelques heures.

Aux termes de la bataille des frontières, ce ne sont pas moins de 200 000 soldats alliés qui seront mis hors combats, dont une majorité de français (les pertes définitives allemandes seront cependant pratiquement équivalentes). Une telle létalité au feu sur une période aussi étendue est alors inédite en Europe.

A l’Est, les allemands remportent une grande victoire à peu de frais dans les environs historiques de Tannenberg, concluant ce premier mois désastreux.

La marche arrière générale des armées alliées qui s’entame alors ravive le spectre de 1870. Il n’y a pourtant pas d’exode massif de la population, qui par ailleurs est presque immédiatement acquise à la cause nationale, et les armées franco-britannique conservent leur cohésion tout au long de leur retraite malgré leur « déconnexion » temporaire.

Finalement, la victoire inespérée remportée à la Marne stabilise la situation et préserve la France d’une débâcle que semblaient annoncer tous les indicateurs.

Les raisons de la victoire de la France à la Première Guerre mondiale

Comment un tel retournement de situation a-t-il pût se produire ? Comment la France a gagné la Première Guerre mondiale ? Après tout, l’armée allemande est pour le moment très supérieure à toutes les autres sur le plan tactique, son plan de campagne est à la fois audacieux et simple à mettre en oeuvre et la situation démographique de l’Allemagne lui fournit un vivier de combattants supérieur à la France.

De plus, l’aide britannique n’est pas encore vraiment effective et il faudra encore de long mois pour que le front russe entrave les opérations allemandes à l’ouest. Enfin, on l’a déjà vue, le tissu industriel français n’est pour l’instant pas de taille à rivaliser avec celui de son adversaire et son économie ne s’est pas entièrement remise de la perte de l’Alsace-Moselle, pour ne citer que cette donnée.

La courageuse résistance belge est pour l’instant le seul élément de terrain qui joue en faveur de la France, mais à ce stade j’ai envie de dire que c’est d’une mauvaise foi sans borne et complètement stupide d’attribuer la victoire française aux seuls paramètres extérieurs.

Oui, la France se doit avant tout sa chaise à la table des vainqueurs à elle-même, et son succès ne s’adosse pas plus sur un contexte global que celui des autres nations alliés.

Une nation résolue à la guerre totale

Mais revenons à 1914. A mon sens, l’élément déclencheur qui permet à la France de ne pas succomber à ses échecs initiaux est la « fuite » du gouvernement vers Bordeaux. Contrairement à 1870 et 1940, ce déménagement n’est pas à associer à une attitude démissionnaire et même s’il se fait têtes baissés, les autorités restent aux commandes et démontrent dès les jours qui suivent qu’elles sont déterminées à continuer la lutte jusqu’au bout même si la capitale devait tomber. Cette détermination est rapidement transmise à la population, et si elle ne sera jamais vraiment enthousiaste dans son engagement dans le conflit, elle accepte un peu mieux l’idée que sa résolution doit être favorable. Elle se montre aussi sensible aux sacrifices consentis par l’armée française, en majorité constituée d’appelés, pour la défense du territoire national et fini par se ranger derrière elle.

L’image d’une guerre patriotique, largement relayée par la propagande dans un premier temps, fait son chemin et gagne peu à peu les cœurs à mesure que les strates supérieures et marginales de la société signalent également leur volonté de prendre les armes : chefs de partis, figures de l’industrie et des affaires, artistes et même personnalités politique vont endosser l’uniforme, parfois comme simple soldat.

Par la suite, l’élan qui poussera les français de tous horizons à participer au feu se fera plus spontané.

Le premier pas vers une hypothétique victoire est franchit, car la guerre devient nationale, donc totale, et ne se vit plus « de loin », même dans le monde civil.

D’autre part, il faut reconnaitre qu’il ne fait pas bon ton de se soustraire aux efforts (qui pour beaucoup équivalent à de véritables souffrances) qu’exige le « Salut de la Patrie », dans une certaine vision collective.

Bref, d’une manière ou d’une autre ce partage de charge de pénibilité s’inscrit dans la formation du système anti-fragile, pour reprendre les mots de Mr.Goya qui cite lui même Taleb pour le coup, qui doit permettre à une organisation de faire face à une crise.

La guerre totale

Comment la France a gagné la Première Guerre mondiale ? Très vulgairement, ça veut dire que la France va maintenant retrousser ses manches et solliciter tous ses organes intellectuels, techniques et scientifiques pour exploiter au mieux les moyens dont elle dispose, et développer ceux qui lui font défaut, qu’elle mettra au service de son principal élément de résolution de crise, en l’occurence l’armée.

C’est une démarche extrêmement coûteuse, progressive et qui demande des reconfigurations internes colossales, mais le résultat concret est la constitution un « système paradoxal », c’est à dire qui se solidifiera au travers des coups qui lui seront infligés plutôt que de se détériorer, comme le prouve par exemple l’extraordinaire résilience des poilus même durant les pires heures de la 1ère GM, notamment Verdun et le Chemin des Dames.

Mais, je reviens dessus, l’improbable victoire de la Marne démontre que cette dynamique peut très vite avoir des effets positifs, au moins moraux. Il faut bien comprendre que Bataille de la Marne est en fait une contraction généraliste qui désigne un ensemble de combats qui s’étendent sur un vaste secteur, qui se succèdent sur plusieurs jours et que les différents Etats-Majors ont tentés de connecter entre eux dans une séquence opérationnelle. Et surtout, qui tournent souvent au désavantage des français.

Je l’ai déjà évoqué dans une publie consacrée à cette bataille, l’ascendant moral qu’ont conservés les soldats français, notamment grâce aux efforts du haut-commandant et aux 1ères manifestations des soutiens civils pour leur donner les moyens de continuer à se battre en dépit de l’évidente mauvaise passe, a eu un impact décisif sur la victoire puisque cela leur a permit de tenir bon jusqu’à ce qu’un événement opportun n’entraîne une retraite allemande générale.

L’innovation au service de la guerre

Comment la France a gagné la Première Guerre mondiale ? C’est aussi dans cette perspective que la France reste à l’avant-garde sur le terrain des innovations. Par exemple, le développement du char de combat ne s’est pas déroulé sans heurts, loin de la. Mais contrairement à l’Allemagne qui table sur les premières et médiocres expériences alliés dans ce domaine en plus de l’echec relatif de l’A7V pour marginaliser la solution motorisé, les français (et les britanniques) vont se montrer beaucoup plus patients et surmonter toutes les épreuves rencontrés jusqu’à trouver la formule qui donnera satisfaction sur tous les plans impliqués – le FT est à la fois adaptés aux besoins opérationnels et aux capacités de l’industrie française.

Le facteur économique à bien sûr pesé dans les décisions de part et d’autres, mais cela traduit aussi une très grande ouverture à la nouveauté du haut-commandant français.

En effet, celui-ci encourage les idées nouvelles et donne pratiquement carte blanche aux initiatives techniques sur le terrain. Dès lors l’association d’officiers polytechniciens et de volontaires avec un bagage de compétences extrêmement variés donne lieu à de très nombreuses expérimentations en tous genre à même le front. Il faut avouer que la plupart ne donnent rien, mais les plus probantes ont presque toujours trouvées un défenseur pour les soumettre de forces aux imperméables commissions d’études et les accompagner vaillamment jusqu’à leur aboutissement, à l’image du Colonel d’Estienne qui parraine avec une énergie inépuisable toutes sortes de projets dans les domaines motorisés ou aériens.

L’un des aspects les plus oubliés de l’armée française de 14-18 est son capital intellectuel et même scientifique très élevé, qui, adossée sur la ferme motivation des poilus, produit quotidiennement quantités d’idées à confronter aux impératifs du front. D’où son évolution fulgurante ; en 4 années seulement, elle devient sans conteste l’armée la plus moderne au monde. Ce qui ne signifie pas pour autant qu’elle maîtrise complètement cette modernité nouvelle.

Avant de continuer dans cette direction, il convient de de digresser brièvement sur l’innovation la plus importante de cette guerre : le moteur.

L’évolution du moteur

Bien sûr, il existait depuis plusieurs décennies déjà. Mais la nécessité absolue de sortir des tranchées lui ont injectés les moyens dont il était privé avant guerre pour évoluer vers des modèles à la fois plus fiables, abordables et disponibles rapidement et en grand nombre. C’est chose à peu près faite dans tous les camps de l’ouest (sauf l’Italie) dès le milieu du conflit.

C’est à partir de la que les armées occidentales vont s’efforcer d’apprivoiser le tout nouveau concept de force mécanique.

On l’a vu et on le sait, c’est toute une entreprise, très difficile et qui a coûté chère en vie humaine. Mais comme toujours, ce sont les carnages qui ont permit d’équilibrer au mieux technologie nouvelle et emploi opérationnel.

Toujours est-il qu’en 1918, ce sont les britanniques qui savent le mieux utiliser la force mécanique dans un schéma offensif avec leur irrésistible Tank Corps, d’abord parce que l’armée anglaise a elle aussi su se réformer intelligemment, mais aussi parce que le Royaume-Uni naturellement inviolable donne une plateforme saine pour les 1ers pas des nouveautés.

Les allemands font une utilisation beaucoup plus intuitive du moteur. C’est un peu vulgaire, mais dans l’esprit prussien imprégné d’excellence tactique, il sert surtout à accélérer les déplacements d’infanterie sur le champs de bataille, ou les mouvements logistique. Bref, du conventionnel amélioré. Grossièrement, j’insiste.

Concernant l’armée française, qui est la mieux motorisée à la fin de la guerre, il n’y a pas vraiment d’exemple visible quant à l’utilisation de cette force. Cela s’explique en très grande partie par l’urgence défensive permanente jusqu’au toutes dernières heures du conflit qui donne la priorité à des mesures de réactions aux offensives adverses.

On en voit pourtant la 1ère manifestation dans cette perspective dès la bataille de la Marne, avec (entre autre) les fameux taxis qui n’auront aucune incidence sur les combat mais il est intéressant de noter que cette solution ce soit imposée et surtout qu’elle a tout de même été correctement mise en oeuvre.

C’est cependant à Verdun qu’on peut situer sa première utilisation organisée, c’est à dire qui améliore réellement l’efficacité des unités combattantes. Le ballet motorisé sur la Voie Sacrée, très précis, est établit en prolongement du circuit ferroviaire et permet un flux logistique quasi-ininterrompu. C’est la toute première fois qu’une technologie « non-combattante » contribue aussi décisivement à une victoire.

Le redéploiement rapide de l’armée française après l’Offensive Michael ainsi que les expériences d’assauts blindés dans la profondeur (toute proportion gardé) du dispositif adverse du Général Mangin achèvent de prouver que les français envisagent la force mécanique pour étendre leur horizon opérationnel, coeur doctrinal même des futurs Panzerdivisions, pas seulement pour emporter une décision locale ou donner de la souplesse aux gros volumes de feu.

Seule la nécessitée absolue de terminer la guerre au plus vite empêchera la France d’appliquer concrètement ce mode opératoire sur le terrain.

Conclusion

Comment la France a gagné la Première Guerre mondiale ? Il reste énormément à dire la dessus mais ce sera pour une prochaine fois, souvenons nous déjà, que l’armée française de 14-18 est loin d’être neuronalement statique et ne se contente pas d’attendre le sauveur américain, ni qu’elle se bat uniquement selon des dogmes en retard d’une guerre, et enfin que le GQG n’est pas exclusivement passif et incompétent, même si la transition vers la guerre moderne a été très difficile.

Comme pour les comme pour les organes de haut-commandements des autres belligérants. C’est bien le courage exceptionnel et l’inventivité des poilus qui ont permit à la France de se hisser à la 1ère place du podium des grandes puissances militaires mondiale 1918.

A la mémoire de la Génération de Fer.

Auteur Christophe Logel

FAQ

Quel innovation favorise une évolution de la stratégie globale ?

L’évolution du moteur et l’arrivé de la force mécanique

Comment l’armée française prend l’ascendant sur celle allemande ?

L’armée française tourne en force ses faiblesses. Là ou le poilus s’adapte et accueille chaleureusement tout changement positif, le soldat allemand se plain de la dégradation de son « confort ». De plus, l’armée française dispose d’un soutient sans faille de son peuple augmentant ainsi le moral de la troupe

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