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Analyse de la France dans l’entre deux guerres

La France dans l'entre deux guerres

La France de l’entre deux guerres constitue une période clef qui annonce déjà la catastrophe de 1940. Las de la guerre la population française veut éviter la guerre à tout prix, les politiques mèneront leurs carrières au détriment de l’intérêt commun.

Sommaire

Préface de la France de l’entre deux guerres

Lorsqu’on on songe à la défaite de 40, on pense d’abord à un mauvais emploi des forces blindées et aériennes. C’est en tout cas le facteur le plus évoqué. L’impéritie du commandement, la doctrine en retard d’une guerre, le traumatisme de la Grande Guerre, Gamelin, l’aveuglement du gouvernement de l’entre-deux etc… figurent aussi sur le tableau des généralités.

Si rien n’est faux, il convient de pondérer la portée des éléments courants dans le désastre, car ils sont effectivement presque toujours cités sans pour autant avoir jamais vraiment clarifiés ce sujet complexe. Je compte au moins 2 éléments décisifs qui sont systématiquement laissés de côtés, parce qu’ils ne sont pas intuitivement associés aux questions d’ordre militaire.

Et comme j’ai l’habitude de le dire, avancer qu’on perd une guerre parce qu’on a de mauvais soldats, c’est aussi vide de sens que de dire qu’on ne surmonte pas une crise sanitaire parce qu’on a de mauvais médecins.

Il y a d’abord bien sûr le facteur politique. Mais on ne fera pas cette-fois-ci le procès du Front Populaire, parce que la aussi, c’est n’importe quoi de restreindre une catastrophe qui marine depuis plus d’une décennie au temps relativement court ou celui-ci était au pouvoir.

Avant de continuer, je peux me montrer critique non pas pour faire valoir une vérité cachée en pointant un coupable du doigt, mais parce que je pense que puisque nous avons tous en commun un certain intérêt pour l’histoire, ce serait constructif de nous soumettre respectivement nos points de vues et arguments potentiellement validables.

Bref, je parle ici du facteur politique dans un sens beaucoup plus large. Pour une conduite cohérente des opérations militaires, le commandement a depuis toujours eu besoin d’une ligne de conduite politique claire fixée par les instances supérieures. La traduction de la directive politique en terme(s) miliaire(s) est une chose assez obscure, mais il existe un exemple simple qui illustre parfaitement cet exercice.

La vision stratégique de la France pendant l’entre deux guerres

En France, l’effroyable bilan de la Grande Guerre – de très lourdes séquelles territoriales et la disparition de 6% de sa population – ainsi que le contraste démographique franco-allemand met en évidence la nécessitée absolue de ne plus laisser un conflit se dérouler sur le sol national, même en cas d’agression.

L’interprétation militaire de cet impératif est très logique : contenir le choc initial d’un ennemi supérieur aux frontières avec un rideau de forces réactives, le temps d’accumuler suffisamment de moyens pour reprendre l’initiative et enfin porter les opérations sur son territoire. En trois phases : couverture, mobilisation, contre-offensive.

Vous l’avez sans doute compris, la première mesure de cette réflexion porte en elle la genèse de la Ligne Maginot, et ce dès le début des années 20 pour rester simple. Mais pour bien comprendre ce qui va suivre, il faut impérativement se souvenir qu’en 1918, l’armée française connaissait une révolution de sa doctrine opérationnelle qu’elle n’a « malheureusement » pas pût achever.

fort ligne maginot
Fort de la ligne Maginot, vue d’artiste

Les premières formules d’un renforcement permanent des frontières se basent sur ce paramètre, l’idée n’étant pas de les rendre imperméables mais de fournir un environnement temporairement favorable à une défense active. En gros, il s’agit sur le plan tactique de muscler le premier échelon de la mobilisation (+ ou – 1 millions d’hommes), la couverture donc, par un appui feu puissant et protégé. Pour l’anecdote, ce 1er échelon est envisagé comme au moins passablement motorisé, dans la ligne de la révolution opérationnelle de 1918.

Même si on matérialise déjà une Ligne Principale de Résistance, on est à ce moment là pas encore figé durablement dans l’idée que le conflit passé préfigure le suivant, la Ligne Maginot devant à termes faire office de tremplin de offensif.

Au niveau stratégique, elle doit apporter une marge de manœuvres aux troupes d’intervalles en canalisant les mouvements de l’ennemi et en entravant sa progression.

Enfin, elle offre un peu de clarté sur ce qui est à l’époque considéré comme le principal angle mort de la défense française, à savoir l’ambiguïté belge. En effet, pour ne pas s’empêtrer dans les régions fortifiés, les allemands n’auront d’autre choix que de violer une nouvelle fois le territoire belge, jetant le pays dans la lutte aux cotés de la France, l’Angleterre dans son sillage.

Inutile d’aller plus loin dans les détails, on voit bien que la conjugaison des solutions fortifiée/mobilisation optimisée offre une grande flexibilité qui, au service d’objectifs bien établis, permet au commandement français de structurer les grandes lignes de ses futures planifications, ce qui est à ce stade largement suffisant puisqu’elles s’affineront aussi en fonction du mode opératoire adverse. On a le fond qui va définir la forme.

Voilà le grossier raisonnement des généraux français dans l’après-18 immédiat, quand la conduite politico-stratégique était encore claire : la guerre devait avoir lieu hors du territoire mais l’ennemi devait se poser en agresseur pour conserver la légitimité du combat.
La Ligne Maginot n’était alors qu’une idée assez vague, et alors seulement qu’elle se précisait puis se concrétisait en un concept, plusieurs gouvernements se sont déjà succédés, et aucun n’a prêché pour la même paroisse.

C’est ça, le facteur politique qui nous a perdu. Le plan Maginot, comme nombre d’autres idées d’alors, est un d’ambitieux et risqué pari sur l’avenir qui a besoin de se fixer sur un segment cohérent et durable, or, la viabilité d’un mandat sous la IIIème République peut rapidement s’avérer inférieure à l’étalement d’un projet sur le long terme, ce qui signifie que les commanditaires ne seront pas ceux qui auront le produit fini entre les mains, avec tous les détournement d’usage que ce paradoxe implique.

Une vision politique qui porte préjudice à la France

De toute façon, le zèle de chaque équipe dirigeante à effacer les traces idéologiques de la précédente finira par dévier ce projet de son objectif. C’est à peu près ainsi que s’est déroulé le déraillage stratégique de la Ligne : elle délaisse progressivement son rôle de soutien aux forces opérationnelles pour celui de symbole d’inviolabilité du territoire qu’elle ne peut en aucun cas assumer.
Ce 1er revers sans combat, dont les prémices peuvent être situés dès la 2eme phase des années 20 (la Ligne Maginot n’est même pas encore mise en chantier !) indique le retour d’un carriérisme endémique au sommet, qui va entrainer le pays entier dans son naufrage.

A partir de là, les instances qui défileront au pouvoir n’auront pour unique point commun que le désintérêt décomplexé pour la raison d’État, et la perte du moteur politique dans les affaires internes sera déterminante dans l’incapacité du pays à gérer les crises qui vont marquer les années 30 – et doit être directement reliée à l’effondrement très prématuré du gouvernement dès les 1ers coups de feux de l’été 40.

Si l’on rajoute ça que toutes les institutions essentielles au fonctionnement d’une nation sont garnis de lieutenants sélectionnés pour leur propre opportunisme professionnel, on a une vue à peu près complète sur le contexte bancale dans lequel l’armée française doit évoluer.

Elle n’a plus de boussole supra-militaire, elle a perdu tous ses partenaires intérieurs et n’a plus le monopole sur la question de la Défense : rappelons que nous sommes alors sur la voie de l’Apaisement, qu’aucune mesure militaire trop audacieuse ne doit interférer dans ce jeu de dupe et que la Ligne Maginot doit suffire à éloigner le spectre de la guerre dans la conscience collective civile coupable.

Une population qui veut éviter la guerre à tout prix

On aurait en effet tort d’occulter la responsabilité de la population française dans la défaite. Si les traces qu’ont laissés les carnages de 14-18 ne sont pas à prendre à la légère, il faut aussi reconnaître qu’elles ont été le lit d’un extraordinaire phénomène d’auto-intoxication (bien entendu copieusement alimenté par les principaux bénéficiaires de l’Apaisement) dans la mesure ou on semble se convaincre que la guerre peut être évitée tant qu’elle n’est pas sérieusement envisagée, ce qui, l’air de rien, va engendrer un épisode quasiment oublié de notre histoire tant il est honteux, en plus des conséquences dramatiques que l’on connaît.

Nous abordons maintenant le 2ème facteur, le facteur moral (à comprendre populaire) qui ne reflète finalement que le 1er.
L’inclination générale à la paix serait à cette époque tout à fait compréhensible. Mais il faut tenir compte de certains paramètres plus insidieux qui apparaissent peu à peu au sein de la population française.

Une rapide lecture des choix de ses représentants dans l’entre-deux-guerres s’impose. Chronologiquement, on constate d’abord un positionnement résolument ferme vis-à-vis de l’Allemagne, pour aller progressivement vers une posture encore logique d’allégement des tensions de voisinages. Malheureusement, l’avènement du Reich ne suscite aucune volonté de traiter la menace qui se profile, signe que la aussi, l’intérêt collectif commence à disparaître des préoccupations des français.

Le choix du représentant est donc également pris dans la nasse du chacun pour soi ambiant, ne servant plus qu’à meubler une certaine zone de confort de l’individu au détriment de la cause commune.
Ça peut paraître très « dirigé », mais les français, dans les dernières heures avant l’embrasement, auraient-ils par exemple acceptés de mettre entre parenthèse certains acquis tardifs comme les réduction des heures de travail hebdomadaire et les premières semaines de congés payés pour retrouver le 1/6ème de volume de production perdu et poser les 1ères pierres de l’industrie de guerre ? C’est peu problable, nous n’allons pas tarder à le voir.

De toute façon, les Sudètes et surtout Munich acteront bientôt la collusion des facteurs politique et moral – une foule en liesse acclame les héros qui viennent d’acheter une paix captive du bon vouloir de l’ennemi au prix de l’intégrité d’autres peuples– , et leur inter-conditionnement sous le sceau d’un pacifisme dénaturé aura un impact bien plus important sur la débâcle que le traumatisme des tranchées, de mon point de vue largement sur-évalué.

Peut-on déduire de l’absence de ce traumatisme parmi les nations qui ont quand même pût continuer de se battre ? A-t’on déjà cherché à l’associer aux spectaculaires déboires italiens ? Explique-t-il les violences, lynchages voire parfois les meurtres commis sur des militaires français par certains de leurs propres concitoyens dans un dernier espoir d’éloigner les combats ?

Ces actes de collaboration d’avant la lettre ne sont pas à généraliser non plus, mais ils témoignent bien que la volonté sincère de se tenir à l’écart de la guerre a finalement glissée vers une véritable défiance à tout ce qui la rappelle.

Conclusion

Pendant la France dans l’entre deux guerres l’armée française n’est plus rattachée aux composantes d’États qui doivent lui assurer sa longévité opérationnelle, elle devra se battre sans le poids de la population active dans l’effort de guerre et en territoire semi-hostile dans son propre pays.

Jamais une armée n’a dû opérer dans un tel contexte d’isolement (hormis en 1870, dans des proportions différentes mais pour des raisons assez similaires) et je gage que même une meilleure doctrine interarme chapeautée par un commandement plus réactif n’aurait pût changer la terrible conclusion de la Campagne de France, à part peut-être en rallongeant son échéance.

Combattre plus d’un mois dans de pareilles conditions constitue déjà un exploit en soi.

Auteur : Christophe Logel

FAQ

Quel moyen de défense cristallise les attentes de la France dans l’entre deux guerres ?

La ligne Maginot

Quel élément est présent dans les conditions de victoire de la Grande guerre et ne l’est pas en 1940 ?

Le soutien de la population française à son armée

Quels sont les bénéfices qu’apportent le Front populaire ?

Les salariés bénéficient de la hausse des salaires. La semaine légale de travail est fixée à 40 heures. Pour la première fois les salariés ont droit à deux semaines de congés payés (les vacances annuelles). De plus dans chaque profession, le contrat de travail individuel, imposé par l’employeur, est remplacé par les conventions collectives négociées entre le patronat et les syndicats de salariés. La production agricole est réorganisée grâce à la création d’un l’Office national interprofessionnel du blé qui achète la production à un prix convenable. De grands travaux sont décidés pour donner du travail aux chômeurs. Le fonctionnement de la Banque de France est démocratisé.

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