T34 vs Tigre, ces 2 engins emblématiques ont marqués la 2ème Guerre mondiale, et on ne se lasse pas de les « confronter ». Ils n’ont pourtant rien en commun, bien au delà des plans techniques et tactiques : ils sont la représentation mécanique de deux idéologies déstinés à s’entretuer. L’un est le fruit de la recherche de la suprématie absolue ; l’autre devait symboliser ce que le prolétariat industriel fait de mieux.
Sommaire
- Introduction au duel T34 vs Tigre
- Le Tigre, adversaire coûteux du T34
- Le T34, le main battle tank
- Vainqueur du duel T34 vs Tigre : le T34 !
Il n’est de plus pas possible de les évaluer à travers une même grille de comparaison, puisqu’ils ne sont pas conçus pour les mêmes emplois.
Peut-on déterminer un vainqueur si le match est inégal ?
La réponse est oui, à condition de dresser un portrait des deux mastodontes sur plusieurs angles, à commencer par un brin de théorie.
Introduction au duel T34 vs Tigre
L’arme blindée est généralement considérée l’héritière de la cavalerie lourde, ce qui peut-être vrai dans la mesure ou elle a permit aux armées du début du XXème siècle de retrouver le mouvement. La cavalerie lourde est elle-même, depuis longtemps, une association de 3 idées : l’idée de puissance, l’idée d’invulnérabilité, l’idée de mobilité.
Une modulation équilibrée de ce triangle d’aptitudes doit lui permettre d’ouvrir dans le dispositif adverse des passages à des forces plus classiques, conformément au ballet rupture-exploitation, mais peut aussi en faire un excellent élément de défense active, comme l’illustre la Bataille de Targul-Frumos qui voit justement des hordes de de T34 se casser les dents sur une poignée de Tigres.
La mobilité étant leur plus grand point faible, ces derniers attirent la masse ennemi vers un système de points d’appuis rapprochés afin de réduire au maximum leurs déplacements tactiques – et donc l’impact négatif sur les 2 autres composantes du triangle.
Tenant compte de la qualité de la technologie embarquée et des équipages, ainsi que d’une doctrine d’emploi un peu plus concrète sur le terrain, il semble clair que le flambeau reviendrait sans conteste au fauve de Henschel. Mais ce n’est pas sur ce seul axiome qu’on juge de la pertinence d’un matériel moderne.
Le Tigre, adversaire coûteux du T34
Dans l’envers du décors, le Tigre alourdit considérablement le complexe militaro-civil dont il dépend : sa mise au point détourne des ressources qui auraient put être alloués à la modernisation de matériels qui ont déjà fait leurs preuves ; sa mécanique complexe et sensible rajoute au casse-tête d’une logistique déjà saturé ; les équipages et personnels de maintenance doivent se familiariser avec un engin bien plus sophistiqué que ceux qu’ils ont connus jusque là.
Rajoutons qu’il rejoint une basse-cour motorisé déjà très hétérogène qui désarticule complètement l’industrie militaire du Reich.
Son poids important couplé à une motorisation insuffisante posent aussi un gros dilemme. 2 jours au front lui coutent une journée d’immobilisation en atelier, soit une disponibilité réelle impropre aux opérations d’envergure. L’absence de réserve interdit bien sûr d’observer ce roulement, entraînant une irrémédiable obsolescence prématuré.
Dernier point, le Tigre appartient à une génération de char très gourmands en ressources rares qu’on ne trouve pas naturellement en Allemagne, ce qui ne tardera pas à avoir des conséquences très singulières. A partir de 1944, les alliés sont très étonnés de constater que certains chars modernes ennemis deviennent vulnérables à des armes qui étaient jusque là sans effets contre eux.
Ce phénomène (surtout relevé sur le Panther mais qui s’étend bien à l’ensemble du bestiaire des « lourds ») est dû à une baisse significative de la qualité des blindages, car la pénurie des métaux stratégiques nécéssaires à leur composition imposent l’utilisation de matériaux de synthèse.
Cet état de fait résulte avant tout d’un choix, ce qui en dit long sur les affinités des hautes sphères militaires du Reich en matière d’économie, et vice-versa.
En bref, le Tigre est un échec, parce que son incidence stratégique insignifiante sur les théâtres d’opérations ne justifie pas ce qu’il draîne de l’effort de guerre allemands. Ce n’est pas un mauvais char en soi, mais il ne remplacera pas les milliers de Panzers IV que valaient les moyens vampirisés par ses propres conception, production et maintien sur le front.
Pour conclure, disons simplement que le véhicule de combat est d’entrée de jeu une denrée rare en Allemagne, et que le Tigre, loin d’apporter un solution, enfonce un clou supplémentaire dans cette problématique.
Le T34, le main battle tank
Le T34 est lui le fruit de réflexions beaucoup plus intelligentes, voire carrément visionnaires. Si sa puissance et sa robustesse ne sont pas à la hauteur de celles de son adversaire désigné, il donne à l’Armée Rouge un avantage qui va réellement influer sur le cours du conflit.
Le premier point notable, c’est qu’il apparaît en temps de paix, avec des caractéristiques qui resteront valables jusqu’à la fin de la guerre (chose pratiquement unique). Autrement dit, il fournit, sans besoin opérationnel pour guider sa mise au point, de solides bases qu’il suffira de moderniser pour rester dans la course. Mais surtout, il représente la synthèse parfaite de 2 idées : efficacité et productivité.
Sur le plan des performances individuelles, il surclasse absolument tous ses équivalents, et reste même compétitif face à des chars de classes supérieures. Son seul rival de palier, le Panther, voit son potentiel prometteur gâchée par une gestion de conflit allemande totalement inepte, comme on l’a vu, et ne pourra rester longtemps à la hauteur d’un blindé qui continue d’évoluer.
Le T34 jouit aussi de qualités tactiques bien accordées, qui lui confèrent une grande polyvalence sur le terrain. Il prendra effectivement part à des opérations de natures très variées, et si dans la plupart des cas son emploi erratique l’empêcheront d’exceller – jusqu’en 1944-, même ses adversaires ne démentiront pas son efficacité. On peut à ce titre le considérer comme le précurseur du char principal multi-rôle, ou Main Battle Tank.
Ensuite, il devait être disponible rapidement et en grand nombre, et fallait donc avant tout qu’il puisse s’imbriquer facilement dans un réseau logistique/industriel de guerre. Malgré l’état de décomposition de l’Armée Rouge et ses intendances au début des hostilités, des milliers de T-34 seront en service permanent durant le reste du conflit, sur des dizaines de milliers d’exemplaires produits.
Sa simplicité facilite par ailleurs grandement sa démocratisation au sein de l’arme blindée soviétique, car il est relativement aisé de lui adapter une chaîne de montage sans reconfiguration majeure – même si cela pouvait donner lieu à de nombreuses imperfections, comme à Stalingrad, où ces engins sortaient d’usine pour se jeter directement dans la fournaise parfois sans organes de visé.
La longévité du châssis ainsi que la multitude de déclinaison qu’il va engendrer font également état de sa conception exceptionnelle.
Vainqueur du duel T34 vs Tigre : le T34 !
En définitive, les 2 perspectives se croisent sur une réussite franche. Le T34 n’est pas seulement une innovation, c’est une véritablement révolution qui recadrille les standarts du char d’assaut et de son rôle ; le Tigre n’est qu’une réponse maladroite (à prendre au conditionnel ceci étant).
De toute façon, ce n’est pas pour rien que les puissances industrielles ont préférées miser sur le segment des chars moyens, simples et fonctionnels, que sur celui des chars lourds qui nécessitaient leurs cortèges de suppléants et autres spécialistes pour opérer dans un champs d’action plus que limité dans le temps et l’espace.
Finalement, le T-34 remporte largement ce duel, du moins en ce qui me concerne, parce qu’il est de ces rares atouts technologiques qui permettent de gagner une guerre. Le Tigre ne donne lui qu’un avantage local.
Auteur : Christophe Logel
FAQ
Le T34 représente la synthèse parfaite de 2 idées : efficacité et productivité dans un contexte d’attrition des matières premières.
Son poids important couplé à une motorisation insuffisante posent aussi un gros dilemme. 2 jours au front lui coutent une journée d’immobilisation en atelier, soit une disponibilité réelle impropre aux opérations d’envergure.
La Bataille de Targul-Frumos
Unités militaires
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