Jacques Cartier, explorateur et navigateur malouin. Il découvre ce qui allait devenir le Canada. Avec l’appui de François Ier, il organise plusieurs expéditions visant à installer une colonie française sur ce nouveau territoire.
Sommaire
- Trouver la route des épices
- Les voyages de Jacques Cartier
- La dernière expédition et mort de Jacques Cartier
Le 24 juillet 1534, sur le rivage de la baie de Gaspé, une des nombreuses échancrures du golfe du Saint-Laurent, un chef indien, drapé majestueusement d’une peau d’ours noir, entoure de ses guerriers peinturlurés, assistait à l’érection d’une croix haute d’une dizaine de mètres, décorée de l’écusson fleurdelisé, portant cette inscription : « Vive le roi de France! »
C’est ainsi que Jacques Cartier prenait officiellement possession de ce territoire — qui allait devenir le Canada — au nom du roi de France, François Ier.
Trouver la route des épices
Sans doute Jacques Cartier n’était-il pas le premier Européen à aborder les côtes septentrionales de l’Amérique. Outre les frères Cabot qui, en 1497-1498, avaient navigué le long des côtes canadiennes, il est probable que de nombreux marins bretons, basques et même portugais avaient fréquenté ces parages, mais personne n’y avait encore fondé d’établissement durable. Quelles furent donc les raisons qui entraînèrent le capitaine malouin vers ces terres lointaines?
François Ier avait refusé de reconnaître le traité de Tordesillas qui, depuis 1494, réservait le monde encore inexploré aux Souverains d’Espagne et du Portugal; en effet, il souhaitait, lui aussi participer à la conquête de terres nouvelles qu’il espérait riches en or et autres métaux précieux. Le roi voulait surtout découvrir, à l’ouest, une route maritime vers l’Extrême-Orient, ce qui permettrait de ruiner le monopole arabo-vénitien des épices. C’est dans cette intention que, dès 1524, il avait pris à son service le Florentin Jean Verazzano et l’avait envoyé à la recherche de ce
fameux passage. Verazzano, après d’infructueuses tentatives, fut tué par les Indiens lors de son troisième voyage.
C’est pourquoi, en 1534, Jacques Cartier, qui lui aussi pensait parvenir aux pays des épices et de l’or par la « Mer glaciale » du Nord, se vit confier par le grand amiral de France, Brion-Chabot, la charge « d’aller à la découverte de certaines îles où l’on dit qu’il doit y avoir grande quantité d’or ».
Si Jacques Cartier ne découvrit ni le passage du Nord-Ouest ni les «îles riches en or», il établit, du moins, les bases de la colonisation française au Canada.
Les voyages de Jacques Cartier
Le 12 mars 1534, 6 000 livres et 2 vaisseaux sont mis, par François 1er, à la disposition de Jacques Cartier. Le départ à lieu le 20 avril.
Le 10 mai, Cartier touche Terre-Neuve, après seulement 20 jours de mer! Le 27 mai il s’engage dans le détroit de Belle-Isle et, au début juillet, pénètre dans une immense baie qu’il appelle « Baie des Chaleurs ».
C’est le 24 juillet qu’il fait planter la fameuse croix au sommet d’une falaise de la péninsule de Gaspé.
Là, il capture, par ruse, deux Peaux-Rouges qu’il traite d’ailleurs bien et rentre à Saint-Malo le 5 septembre avec ces preuves vivantes de son accession à des terres lointaines.
Son second voyage est nettement plus important. Reparti le 19 mai 1535 avec 3 navires et les 2 Indiens qui avaient appris le français et devaient lui servir d’interprètes, il parvient le 26 juillet, après une longue et pénible traversée, dans le détroit de Belle-Isle et, le 10 août, il entre dans la baie à laquelle il donne le nom du saint du jour : saint Laurent; le 15 août il dépasse une île qu’il s’empresse de nommer « île de l’Assomption » (Anticosti) et commence à remonter la « rivière d’Hochelaga ».
Après avoir reconnu l’embouchure de la sombre et froide rivière Saguenay, Cartier entre en rapport avec les indigènes, qui l’accueillent fort bien:
«.… Ils descendirent aussi à terre, portant ces peaux, et ils commencèrent à trafiquer avec nous, montrant une grande et merveilleuse allégresse d’avoir de ces ferrements et autres choses, dansant toujours et faisant plusieurs cérémonies, et, entre autres, ils se jetaient de l’eau de mer sur leur tête avec les mains; Si bien qu’ils nous donnèrent tout ce qu’ils avaient… »
Jacques Cartier
Le chef Huron Donnacon, roi d’un petit État sur les rives de la rivière Sainte-Croix (actuellement Saint-Charles), reçoit les Français avec amitié dans sa capitale de Stadacone (futur Québec).
Mais Jacques Cartier, qui a entendu parler d’un royaume plus important, celui d’Hochelaga, laisse ses deux plus grands bateaux, la Grande Hermine (120 tonneaux) et la Petite Hermine (60 tonneaux), à Stadacone, et c’est avec un seul navire, l’Émerillon (40 tonneaux), qu’il poursuit son expédition. Il arrive le 2 octobre, après treize jours de navigation, à Hochelaga, petite bourgade dont les cases, entourées de palissades, se dressent au pied d’une colline que Cartier nomme aussitôt Montroyal (Montréal).
Les habitants font aux Français une joyeuse réception; captivés par ces merveilleux étrangers aux longues moustaches, au menton orné de barbe, portant l’arquebuse, le casque, la cuirasse étincelante, ils s’asseyent en cercle autour d’eux, comme si les Français étaient venus là exprès pour les amuser, « comme si nous eussions voulu jouer un mystère », raconte Cartier.
Cependant il est temps de prendre le chemin du retour, et, le 11 octobre, Cartier retrouve à Stadacone le reste de ses compagnons qui, pendant son absence ont élevé un fortin en palissade.
L’hivernage est pénible, non seulement à cause du froid, mais aussi en raison d’une épidémie de scorbut dont on réussit finalement à arrêter les ravages en faisant infuser des feuilles d’épinette blanche.
Enfin survient le printemps et, le 6 mai, la flottille hisse les voiles du retour; le 15 juillet 1536, elle entre dans le port de Saint-Malo. La relation de ce voyage est publiée en 1545 sous le titre: Bref récit de la navigation du capitaine Jacques Cartier aux îles du Canada.
La dernière expédition et mort de Jacques Cartier
Ainsi le capitaine malouin avait-il établi les droits de la France. Sur la magnifique vallée du Saint-Laurent. C’est pourquoi, en 1541, une importante expédition est préparée pour coloniser le
nouveau territoire. À l’ambassadeur d’Espagne qui lui reprochait ne pas tenir compte du traité de Tordesillas, François Ier fait cette réponse, quelque peu ironique:
« Le soleil luit pour moi comme pour les autres; je voudrais bien voir la clause du testament d’Adam qui m’exclut du partage du monde! »
François Ier
Cartier se voit confier le commandement de cinq navires destinés à transporter les colons en Amérique, mais c’est un gentil-homme picard, Jean-François de La Roque, sieur de Roberval, qui reçoit le titre de vice-roi et lieutenant général du Canada.
Tandis que Roberval reste en France pour recruter des volontaires, Cartier, en mai 1541, reprend la mer; arrivé à Sainte-Croix (Stadacone), il installe son quartier général à l’embouchure de la rivière du Cap-Rouge, fondant ainsi Charlesbourg-Royal (en l’honneur de Charles d’Orléans). Mais l’année suivante, peut-être vexé de n’être que le second de Roberval, peut-être pour mettre à l’abri en France un illusoire trésor (de l’or qui n’est en réalité que du cuivre, et des diamants qui ne sont que du schiste riche en mica!), il se rembarque et, malgré les ordres de Roberval — qu’il rencontre sur le chemin du retour, à Terre-Neuve —, il regagne la France. Il devient une sorte de retraité qui rend visite de temps à autre à ses filleuls, les deux Peaux-Rouges qu’il avait ramenés et qui, s’étant mariés avec des Françaises, avaient fait souche sur le sol de notre pays.
En 1567, Jacques Cartier est emporté par une épidémie de peste.
Quant au « passage du Nord-Ouest » (au nord du continent américain), il sera découvert 350 ans plus tard par un Norvégien, Amundsen. C’est une suite de détroits qui s’appellent maintenant détroit Mac Lure, détroit de Melville, détroit de Barrow, détroit de Lancastre, qui font communiquer la mer de Baffin avec l’océan Arctique puis la mer de Bering et l’océan Pacifique.
FAQ
François Ier, bravant le traité de Tordesillas
Jacques Cartier découvre une partie du Canada actuel
Jacques Cartier meurt d’une épidémie de peste
Jacques Cartier est mort en 1567
Découvrez aussi
- A LA UNE (18)
- Histoire de France (96)
- Histoire des unités militaires (26)
- Histoire générale (147)
- La petite histoire de France (4)
- Memes Histoire de France (107)
- Non classé (3)
- Portraits historiques (56)
- Quiz (8)