<style>.lazy{display:none}</style>Jean Bart, corsaire de Louis XIV

Jean Bart, corsaire de Louis XIV

Jean Bart

Grand corsaire à l’époque de Louis XIV, Jean Bart reste célèbre pour ses prises légendaires. L’Histoire voulut qu’il soit français, et fort heureusement.

Il apporta tout son savoir faire de corsaire pendant les différentes guerres sous Louis XIV.

Sommaire

On raconte qu’à son arrivée à Versailles, Jean Bart fumait la pipe dans l’embrasure d’une fenêtre ouverte, avec le chevalier de Forbin qui l’y avait amené, lorsque Louis XIV, l’ayant fait appeler, lui dit :

« Jean Bart, je viens de vous nommer chef d’escadron. — Vous avez bien fait, Sire »

Louis XIV

Répondit le marin. Tandis que cette réponse provoquait un grand éclat de rire parmi les courtisans, le roi leur dit gravement:

« Vous vous trompez, Messieurs, cette réponse est celle d’un homme qui sait ce qu’il vaut et qui compte bien en donner de nouvelles preuves ».

Louis XIV

Cette anecdote, assez plaisante il est vrai, est rapportée par la « Galerie de l’ Ancienne cour ». Malheureusement, elle est sans doute fausse, car ni Saint-Simon, ni Dangeau (plus exact encore et notateur scrupuleux des faits et des bruits de la cour), n’y font la moindre allusion; d’ailleurs c’est à Dunkerque que Jean Bart apprit sa nomination de chef d’escadre.

Les débuts de Jean-Bart

Voyons donc plutôt ce qu’était et ce que fit cet illustre marin, né le 21 octobre 1650 à Dunkerque. À deux ans, les hasards de la guerre le font espagnol; à huit ans, le 14 juin 1658, jour de la victoire des Dunes, remportée par Turenne, il se retrouve Français à midi, mais Anglais le soir parce que Louis XIV s’est engagé à remettre Dunkerque à l’Angleterre (en remerciement du concours de vingt-cinq de ses navires). Des embarras d’argent obligent le roi Charles II à revendre la ville à Louis XIV pour cinq millions, et Jean Bart redevient Français le 6 novembre 1662!

Ainsi, dès le berceau, est-il marqué par l’aventure. Mais étant fils, petit-fils, neveu et filleul de corsaires, n’en portait-il pas déjà une empreinte? À douze ans, il est mousse sur un brigandin garde-côte et commence son apprentissage pratique de marin.

Bien vite dégoûté de ce métier sans gloire, le 31 juillet 1666, il passe en Hollande, alors alliée à la France, et sert sous le fameux amiral Michel Ruyter. Il reçoit six jours plus tard le baptême du feu dans un combat contre les escadres anglaises. On ne sait presque rien des années que Jean Bart passa en Hollande avant de regagner Dunkerque, au moment de la déclaration de la guerre de la France à la Hollande, le 6 avril 1672.

Les combats

Il embarque alors sur un navire corsaire comme simple matelot, mais, bientôt après, le 16 mars 1674, il est nommé commandant du Roi David, galiote de 35 tonneaux, deux canons, trente-quatre hommes d’équipage. Il n’a pas vingt-quatre ans! Avec ce rafiot, il capture un hollandais de dix-huit canons et fait six autres prises qui lui valent le commandement de La Royale de 60 tonneaux, armée de huit canons et portant quatre-vingts hommes d’équipage.

La liste de ses conquêtes s’allonge inlassablement jusqu’à celle de la frégate hollandaise de trente canons, Le Neptune, qu’il prend à l’abordage le 7 septembre 1676, blessant grièvement son commandant et tuant vingt hommes de son équipage.

Quand la paix de Nimègue est conclue, le 10 août 1678, le compte des six années en « course » représente pour Jean Bart : six combats, quatre-vingt-une prises sur les trois cent quatre-vingt quatre opérées par l’ensemble des corsaires dunkerquois! Devant une carrière qui se pare à sa naissance de tant d’éclat, les portes de la marine royale s’ouvrent : Jean Bart reçoit, le 5 janvier 1679, son brevet de lieutenant de haut-bord.

Pour un temps s’arrêtait la course que Vauban à fort bien définie : « une guerre libre et de caprice qui se fait pour le roy au détriment des règlements auxquels elle était soumise ». Au passage, notons que la course, qui se pratique sous la royauté, est essentiel différente du temps de Surcouf, sous l’Empire. Appuyés, soutenus par le concours de la marine royale, les corsaires portaient de rudes coups au commerce ennemi. Tout au contraire, Napoléon n’ayant plus de marins, la course fut livrée à elle-même et le résultat en fut désastreux.

En moins de dix ans, les Anglais capturèrent 8 725 hommes sur nos navires de course, tandis que, dans le même temps, nous en prenions à peine 3 000!

Jean Bart le corsaire

Revenons à Jean Bart. En septembre 1688 éclate la guerre de la Ligue d’Augsbourg.Il reprend la course, attaque à l’abordage un navire anglais, mais est « encalminé » par un calme plat subit et fait prisonnier après un combat acharné, qui ne laisse plus aucun officier ennemi valide. Conduit à Plymouth, il s’évade en se jetant dans un canot et nage deux jours et une nuit pour gagner Erquy, ce qui dénote chez lui une vigueur exceptionnelle.

Cet exploit est couronné par sa promotion au grade de capitaine de vaisseau, le 19 juin 1689, et il est affecté à l’armée navale, commandée par le comte de Tourville.

Après le désastre de la Hougue (29 mai-2 juin 1692), qui ruine la flotte, il faut du bois pour reconstituer notre marine et les forêts françaises ne peuvent en fournir à suffisance. Jean Bart va en chercher dans la Baltique où navigue un lourd convoi de bateaux chargés de planches, mâts et cordages et s’en empare le 15 novembre 1692.

La bataille du Texel

Ce souci écarté reste celui, plus cruel encore, de la famine qui commence à sévir en France. Cent vingt navires, partis charger du blé en Norvège sont attendus avec une impatience fébrile. Jean Bart reçoit la mission de les convoyer et de les ramener au plus vite. Il appareille en Juin 1694 et trouve, quelques jours plus tard, le cortège de hautes voiles qui est parti sans l’attendre avec, pour toute escorte, trois frégates danoises et suédoises.

En mer, il a été attaqué par huit vaisseaux hollandais qui le conduisent vers l’île de Texel, à l’embouchure du Zuyderzée. Les forces sont très inégales, mais il faut, coûte que coûte, reprendre nos navires. Tout de suite c’est l’abordage et la tuerie. Jean Bart, blessé à la main et à la
cuisse, continue à se battre. En une demi-heure, le combat prend fin : le contre-amiral hollandais, de Uries, a reçu six blessures; avant de mourir il écrit : « Ma consolation est d’avoir été vaincu par des héros. » Les Hollandais ont perdu cent quatre-vingts hommes; Jean Bart a trois tués et vingt-sept blessés. Le 3 juillet, il rentre à Dunkerque où il est reçu en triomphateur.

(voir l’article de la bataille du Texel)

Jean bart anoblit

Quand la nouvelle de son retour est connue, elle soulève dans toute la France un enthousiasme presque délirant. La famine est évitée, la mesure de blé, qui valait 30 francs la veille, est tombée à 3 francs. La récompense de cet exploit, le roi la lui donne en l’anoblissant : il le fait chevalier cette même année, et les lettres patentes disent que « de tous les officiers, qui ont mérité cet honneur, nous n’en trouvons point qui s’en soit rendu plus digne que notre cher et bien-aimé le sieur Jean Bart… ».

Les armoiries du nouveau chevalier sont d’argent « à la face d’azur chargée d’une fleur de lys, d’or, accompagnée au chef de deux ancres de sable passées en sautoir et en pointe d’un lion passant de pourpre ».

Jean Bart à la cour

Une historiette qu’on raconte sur le grand marin, bourru, ignorant, et pour cause des usages policés de la cour, se place à cette époque. Contons-la, car elle montre assez bien le caractère de l’homme. Appelé à Versailles par le roi, il excite la curiosité souvent goguenarde des courtisans par son allure pataude, qui lui attire aussitôt le surnom de «l’ours ».

Ne connaissant personne, Jean Bart ne se mêle pas aux conversations et reste à l’écart, tandis que toute la cour est là, attendant le passage du roi. On le dévisage avec une insistance qui l’agace vite, car la patience n’est pas sa qualité dominante. Un courtisan s’enhardit à lui demander comment il s’y prend pour traverser les escadres ennemie.

Jean Bart tient sa vengeance. Il place sur deux rangs la petite foule qui se presse autour de lui; puis, les coudes en dehors, il fonce à travers, renversant quelques-uns de ses railleurs. À ce moment, la porte s’ouvre à deux battants et l’huissier annonce « Le roi, Messieurs! » On se relève, s’époussette, mais Louis XIV s’aperçoit du désarroi et s’en enquiert. On lui conte la chose, il en rit; alors tous l’imitent par flagornerie, mais on imagine que les rires furent plutôt contraints!

Ravitailleur du royaume

Revenu à Dunkerque, Jean Bart reçoit une nouvelle mission, et c’est encore d’assurer le ravitaillement en blé du pays. Il appareille, en octobre 1694, pour Vleker où l’attendent les navires dont il doit assurer la protection.

Comme toujours, les Anglais le guettent sur le chemin du retour et la rencontre a lieu au large de Flessingue. Afin de tromper l’ennemi, Jean Bart vire de bord comme pour embouquer le chenal qui conduit au port zélandais. La feinte réussit et les Anglais s’éloignent, croyant avoir affaire à des Hollandais. La partie n’est pas gagnée pour autant.

Il faut se rabattre brusquement, longer la côte en louvoyant entre les bancs de sable jusqu’à Dunkerque. Tour de force que Jean Bart, fin manœuvrier, mène à bien, aidé aussi par sa connaissance approfondie de ces parages. Le 2 janvier 1695, il mouille à Dunkerque, ramenant son escadre au complet avec les seize navires chargés de blé.

Mort de Jean Bart

Le grand marin a maintenant quarante-cinq ans, et la paix de Ryswick, signée le 20 septembre 1696, va le contraindre à une inaction relative. En 1702, des bruits de guerre courent de nouveau. Jean Bart commence ses préparatifs pour l’armement de sa future escadre, quand le 13 avril la fièvre le prend; atteint de pleurésie, il est obligé de s’aliter.

C’est son dernier combat contre la mort, dont cette fois il ne réchappera pas. Le 27 avril, à cinq heures de l’après-midi, il rend le dernier soupir. Saint-Simon (qui n’est pas prodigue en éloges) note dans ses mémoires : « Le roi fit une perte en la mort du célèbre Jean Bart, qui a si longtemps et si glorieusement fait parler de lui à la mer, qu’il n’est pas besoin que je le fasse connaître. »

FAQ

Quand Jean Bart devient-il français ?

Le 14 juin 1658, jour de la victoire des Dunes, remportée par Turenne, il se retrouve Français à midi, mais Anglais le soir parce que Louis XIV s’est engagé à remettre Dunkerque à l’Angleterre (en remerciement du concours de vingt-cinq de ses navires). Des embarras d’argent obligent le roi Charles II à revendre la ville à Louis XIV pour cinq millions, et Jean Bart redevient Français le 6 novembre 1662!

Quelle bataille permet à Jean Bart d’éviter la famine au Royaume de France ?

La bataille du Texel

Sous quel amiral hollandais Jean Bart fait ses armes ?

Le célèbre Michel Ruyter.

Quand Jean Bart est-il anoblit ?

En 1694

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