Napoléon, tacticien et stratège

Napoléon, tacticien et stratège à la bataille du pont d'Arcole
Napoléon à la bataille du pont d'Arcole

Napoléon est connu pour son génie militaire. Il a en quelques années balayé les monarchies européennes, mis à genou la Russie et fait de la France une superpuissance militaire.

Fin tacticien et grand stratège, Napoléon se hisse au panthéon des grands chefs militaire aux cotés de César, Hannibal, Alexandre le Grand.

Sommaire

Introduction :

« Il n’a pas vingt-huit ans et il a sur la tête toutes les gloires, celles de la guerre, celles de la paix, celles de la modération, celles de la générosité ». Ces mots de Talleyrand montrent que Napoléon est un homme unique, autant un chef de guerre qu’un diplomate aisé et qui se sait avec brio des opportunités qui s’offrent à lui. Mais avant l’existence de Napoléon, il y avait Bonaparte, né à Ajaccio en 1769 et qui marque ses contemporains par son efficacité sans pareil au combat. Mais il ne faut pas oublier que le futur empire qu’il va concevoir à partir de 1804 est le fruit autant du génie de cet homme que de l’outil militaire dont il dispose.

En effet, l’armée française révolutionnaire et patriotique incarne un bon outil militaire. Elle dispose tout d’abord de canons de Gribeauval, qui ont une bonne cadence de tir et une portée pratique de 1800m contre moitié moins côté prussien et autrichien. L’armée française se base également sur une organisation minutieuse et précise, imaginée par le maréchale Victor-François de Broglie dès 1759, et qui fait de la division l’unité de combat de base entre 6 000 et 10 00 hommes, capable de faire face à plusieurs attaques ennemies et contre-attaquer de façon autonome.

Enfin, grâce à Lazare Carnot, membre du Comité de Salut Public, Napoléon va disposer de gros effectifs et d’un important réservoir d’hommes. Avec la levée en masse et la conscription obligatoire dans laquelle tout citoyen âgé de 18 à 25 ans doivent s’engager dans l’armée, les effectifs explosent et double entre 1792 et 1794. On peut voir donc qu’une certaine révolution militaire a déjà eu lieu quand Napoléon, ou plutôt Bonaparte, arrive à la tête de l’armée d’Italie le 2 mars 1796. Cette campagne va le transformer à jamais et faire naître le génie qui est en lui. Nous pouvons ainsi nous demander comment s’est développé ce génie militaire, en étudiant des mouvements tactiques et des pensées stratégiques.

Nous étudierons d’abord les exploits de Bonaparte en Italie entre 1796 et 1797, campagne qui lui fera passer de grand général à un brillant tacticien. Puis dans un second temps nous verrons comment se matérialise Napoléon et ses stratégies, à travers des victoires dues autant à son intelligence qu’a ses subordonnés et notamment les maréchaux. Enfin, nous analyserons ses défauts et les raisons qui ont causés la chute de l’empereur.

Bonaparte, le tacticien

L’armée d’Italie : un excellent outil militaire

Nous avons vu précédemment que les forces armée français possèdent des qualités largement en avance sur les autres armées européennes. Mais l’armée d’Italie, crée en 1793 pour défendre Toulon et le Sud de la France, est unique en son genre. Premièrement, elle ne défend pas les voies d’invasion du nord de la France et est géographiquement éloigné de Paris, ce qui lui permet en partie d’échapper aux purges politiques et à la main mise des révolutionnaires. De ce fait, on a un commandement stable, et surtout très soudé : par exemples les généraux (et futures maréchaux) Murat, Masséna et Augereau se connaissant bien et se sont très aguerris. Etant donné que l’armée d’Italie est moins sollicitée que les armées du Nord, elle possède un potentiel relativement préservé, notamment dans la cavalerie.

Commandé par un Lasalle qui va vite acquérir la confiance et l’estime de Bonaparte, elle va se révéler très redoutable. L’armée d’Italie a cependant la même faiblesse que les autres armées révolutionnaires, à savoir le fait que les vivres et munitions s’épuise vite et on du mal à être remplacées. Là encore, Bonaparte innove en mettant fin aux magasins ambulants qui suivent l’armée et en facilitant la mise en place de dépôts plus sécurisé et économisant des forces : on n’a ainsi moins de magasins de munition à transporter tout en étant sûr d’avoir à l’arrière un approvisionnement en munition. Bien sur, ce mécanisme est fragile et n’atteint pas en efficacité celui de 1805, mais les bases sont jetées. Enfin, c’est avec Bonaparte et Louis-Alexandre Berthier que nait le vrai état-major.

Militaire chevronné (il a 43 ans en 1796) il retranscrit très bien les ordres de Bonaparte, et se perfectionnera pour atteindre l’efficacité ultime de l’état-major impérial en 1805. Cette expérience associé à des soldats citoyens motivés (et des patriotes italiens prorévolutionnaires qui aiderons ces soldats en les nourrissant ou en les soignant par ex) et une tactique de divisons nouvelle va donner les clefs à Bonaparte pour conquérir l’Italie.

La 1ere campagne d’Italie 1796-1797 : un stratège est né

Napoléon, nommé au poste de commandement de cette armée en mars 1796, Bonaparte doit faire face à une coalition comprenant les autrichiens et les sardes, et il comprend qu’il faut frapper ces dernier car ils sont le maillon faible de cette coalition. A la tête de 43 000 hommes, Napoléon va donc entamer une « campagne dans la campagne » d’abord en brisant les liens entre sardes et autrichiens puis en battant les Sardes. Les autrichiens sont repoussés à Montenotte, puis les sardes sont écrasé à Mondovi avec des pertes 2 x plus importantes que les français et une grande partie de leur l’artillerie perdue, et ce en l’espace de deux semaines. Cette manœuvre casse l’alliance austro-sarde, et acculé le général Sarde Colli capitule peu de temps après Mondovi. Bonaparte met rapidement le siège sur la ville de Mantoue, important nœud routier et dépôt de munition, mais en juillet 1796, les forces autrichiennes arrivent en renfort en en supériorité numérique.

Une colonne autrichienne arrive par le nord du coté de la ville de Lonato (rive gauche du lac de Garde) tandis qu’une autre fonce droit vers Mantoue. Bonaparte met donc en place la manœuvre en position centrale : acceptant le risque de se faire encercler, il lève le siège de Mantoue (tout en gardant de bonnes bases arrière) en va combattre rapidement et séparément les deux colonnes= victoires de Lonato et Castiglione. Napoléon a perdu du temps pour le siège et conscient que d’autres renfort autrichiens vont revenir, il met en place un quadrilatère stratégique, inédit pour l’époque. Une division couvre Peschiera, une autre Vérone et une autre Legnago, le but étant qu’elles se soutiennent mutuellement pour permettre la poursuite du siège. C’est un succès : Bonaparte arrive à la foi à deviner les intentions de l’ennemi et à concentrer ses forces rapidement. Les autrichiens, décimés en 1797 à Arcole, puis à Rivoli, laisse l’initiative à Bonaparte qui les poursuit et cela donne le traité de Campoformio le 18 octobre 1797, 4 mois après la prise de Mantoue.

De « soldats vous êtes nus » d’après les mots de Bonaparte en 1796, les soldats de l’armée d’Italie sont repartis riches et couvert d’une immense gloire : notre stratège a gagné le cœur des hommes. Clausewitz estime quand à lui que l’abandon de Mantoue constitue l’unique erreur de Bonaparte : l’abandon du siège repousse en effet de six mois la capture de la ville et fait perdre à Bonaparte des canons qui lui auraient pu être utile, il faillait selon lui faire une ligne de circonvallation et attendre patiemment les autrichiens plutôt que d’aller à l’affrontement. Mais cela reste discutable.

La campagne d’Egypte : les balbutiements de l’armée napoléonienne

On a donc vu Bonaparte a su adapter son positionnement pour moduler ses plans tactiques à volonté. Il est également capable de modifier les formations de ses unités. Par ex, le 21 juillet 1798, Napoléon connait le premier et probablement le plus connu des engagements de la campagne d’Egypte contre les mamelouks. Le rapporte de force est de 2,3 contre 1 en sa défaveur, notamment au niveau de la cavalerie qui ne compte que 500 chevaux. Napoléon va alors tout jouer sur le discipline et sur l’appui-feu de l‘infanterie. Il dispose, contre tout attente ses unité en carré, de deux à 3 rang de profondeur. Certes, cette manœuvre est connue en partie des officiers français car elle est enseignée depuis la guerre de Sept ans, mais l’armée française ne l‘a jamais pratiqué. Cette innovation va permettre de protéger la cavalerie tout en fauchant vague après vague les charges des mamelouks. Le soir la route du Caire est ouverte, et pour 50 tués les français infligent 10 000 pertes. Napoléon, Tacticien et Stratège est vainqueur.

Ce rapport inter-armes va être amélioré puis copier par toutes els autres armées européennes. Cette tactique va permettre d’engranger de nouvelles victoires (Gaza, mont Tabor ect). En même temps, si la maitrise des mers est perdue à Aboukir, Bonaparte en misant tout sur le collectif, permet aux soldats de combattre dans une sorte de cercle vertueux, comme en Italie ou chaque victoire soude encore un peu plus les soldats et les incitent à suivre jusqu’au bout Bonaparte. Ainsi, Bonaparte fait preuve d’un coup d’œil légendaire en Italie, et prouve que même en infériorité numérique tout n’est pas perdu. Passant de la théorie à la pratique et avec brio, Bonaparte va permettre l’éclosion d’un génie qui passera pour quasi-invincible durant les 20 prochaines années : Napoléon.

Napoléon, tacticien et stratège

Le plus beau chef d’œuvre militaire de Napoléon : la campagne de 1805

Une fois que Napoléon devient empereur en 1804, il concentre à la fois le pouvoir politique et le pouvoir militaire. Il peut ainsi organiser et entraîner son armée comme il le souhaite : création du camp de Boulogne en mai 1803, après la courte paix d’Amiens. Napoléon conçoit alors une armée d’invasion, s’inspirant des autres expéditions faits par le passé. De 75 000 hommes en 1803 à 150 000, le camp  de Boulogne permet un entrainement et une cohésion renforcé de cette « première grande armée« . Elle est cette foi-ci articulé en corps d’armée, unité autonome d’environ 25 000 hommes, 3 divisions et un régiment d’artillerie et de cavalerie qui lui est directement rattache. De plus Napoléon créer la garde impériale, réserve qui comptera quelques 18 000 hommes à son apogée et qui permet d’avoir un mode de soldats d’élites pour les autres, puisque tout soldats citoyen souhait être assez brave pour faire partie.

Napoléon va alors se tourner vers le contient puisque l’Autriche et la Russie se sont alliés aux anglais. L’empereur va alors privilégier la manœuvre pour tromper l’ennemi : leurré par une attaque sur Fribourg, les autrichiens se tourne vers l’est…pour mieux recevoir dans leur dos les « sept torrents de la Grande Armée ». Le général Mack n’a rien vu venir et encerclé dans Ulm avec 25 000 hommes, il capitule le 25 octobre : une des pires redditions de la guerre. Koutouzov n’a rien pu faire pour le sauver, et à peine de temps de former une plan de bataille pour vaincre l’empereur. Napoléon doit alors vaincre rapidement : enfoncé en territoire ennemi il sait que ses lignes de communication et ses troupes s’affaiblissent.

Austerlitz arrivent à point. Napoléon, qui au matin de 2 décembre 1805 n’a pas son armée au complet voir les austro-russes descendre du plateau de Pratzen vers sa rencontre, et notamment vers son aile droite, qui est occupé par le IIIe corps de Davout qui n’arrivent pas au complet à la suite de 35 heures de marches forcée. Napoléon décide alors de ne pas la renforcer, et de l’utiliser comme appât pour ensuite contre attaquer avec toute la puissance de son centre, commandé par Soult. Ce piège d’anthologie va couter 30 000 tués ou blessé aux coalisée, 4 fois moins pour les français.

Les campagnes d’Allemagne et de Pologne 1806-1807 : l’apogée du Premier Empire

La Prusse cependant devient de moins en moins neutre et inquiète des succès de Napoléon. Ce dernier, devant les nombreuses force prussiennes, décident qu’il faut les écraser le plus tôt possible. Sans déclaration de guerre (il n’y a eu qu’ultimatum en septembre 1806), Napoléon fait preuve de clairvoyance (attendre = plus de forces prussienne et aide possible de Moscou et Vienne) et décide de se porter à la rencontre du gros de l’armée prussienne. Aidé par un excellent Davout, Napoléon bat simultanément l’armée prussienne à Iéna et Auerstedt, démontrant par la même occasion que le corps d’armée est capable de faire face à toutes les situations si il est bien commandé.

Conformément à sa logique de manœuvre, Napoléon donne presque carte blanche à Murat pour poursuivre jusqu’à épuisement les prussiens défaits. Cette poursuite mythique va livrer ville sur ville (Berlin tombe le 24 octobre) et obliger les prussiens moralement épuisés à fuir vers la Pologne = début d la campagne de Pologne. Cependant les russes disposent de nombreuses forces : batailles indécises telles que Pułtusk (26 décembre 1806) et surtout Eylau le 8 février 1807. Bataille complexe ou l’empereur subit des revers micro-tactiques comme l’encerclement du 7e corps d’Augereau, lancé à l’assaut sous une effroyable tempête de neige.

Pour sauver son front, Napoléon dit à Murat ces célèbres mots:

« Nous laisseras-tu dévorer par ces gens-là ? »

Napoléon

Murat lance la fameuse « charge des 80 escadrons », et cette masse de 8 000 cavaliers désorganise les russes, sauvant temporairement le front de Napoléon, et permettant aux survivants du 7e corps de retraiter. Ce choix audacieux montre que Napoléon sait garder son calme même si la situation est périlleuse, et au final les français sont maîtres du terrain, même si les deux camps revendiquent la victoire.

La campagne d’Autriche de 1809 : un signe d’avertissement avant 1812

La campagne de Pologne se termine de façon victorieuse avec la bataille de Friedland le 14 juin 1807, mais Eylau a marqué les esprits : d’une part la boucherie qui en résulte (25 000 pertes pour les deux camps), et d’autre part elle démontre que l’on peut résister à l’ogre corse et d’autre part que Napoléon mène ses hommes à l’abattoir. En réalité, Napoléon a bien agit et a su contenir les nombreuses contre-attaque russes, et jouant ses réserves (vielle gare par ex) au bon moment pour au final conserver ses positions. Cela montre qu’au fur et à mesure que l’on avance dans le temps, les campagnes sont plus durs et nécessites le fait que Napoléon doit parfois improviser pour s’en sortir. La bataille d’Essling, le 20-21 mai 1809 durant la campagne d’Autriche, est plus pertinente qu’Eylau puisque il s’agit d’une défaite entièrement consommées. Les Autrichiens se sont retranchés derrière le Danube, dont ils ont coupés les ponts, pour attendre des renforts. Napoléon décide de forcer le passage à Essling pour les vaincre.

Le coup est hasardeux : les Autrichiens sont biens préparés et enchaines les contre-attaques et font échec aux français, forcé de retraverser le Danube. Napoléon, qui n’avait pas prévu une telle résistance, a perdu presque 20 000 hommes, de précieux officiers comme Lannes. Pire encore : cette défaite, certes compensé par la grande victoire de Wagram montre que Napoléon peut être battu, et qu’il n’est pas invincible, ce qui sert la propagande des nationalismes allemands et espagnole. Nous avons donc vu que le génie napoléonien et capable de réalisé de belle prouesse, et que les années 1805-1811 représente l’apogée de l’Empire. Mais on peut y percevoir de graves erreurs politiques et stratégiques, qui vont être fatale à l’aigle impériale.

La chute de l’aigle et les défauts de l’Empereur Napoléon, tacticien et stratège

Le bourbier espagnol 1808-1812 

Napoléon a décidé de lancer la guerre dans la péninsule ibérique en 1808 pour deux raisons : chassez les anglais du Portugal et mettre son frère Joseph sur le trône d’Espagne. Mais il sous-estime gravement le professionnalisme de Wellington et est complètement surpris par l’organisation des forces rebelles espagnoles. Ainsi, Junot est battu à Vimeiro et perd le Portugal tandis que Dupont est humilié à Bailén, ou les patriotes espagnoles font pas moins de 21 000 prisonniers.

Même si Napoléon prend les choses en main et reste très supérieur aux forces espagnoles, la prise de Madrid n’apporte rien car l’Espagne reste hostile à la France. Les représailles lancées par la Grande Armée font qu’accentuer la haine anti-française. Napoléon non seulement ne change pas sa politique de domination (ce qui accentue l’idée que c’est un tyran), mais en plus laisse le cancer de l’Espagne sans le traiter, consommant toujours plus de forces militaires. Il dira à Sainte-Hélène : « cette malheureuse guerre d’Espagne a été une véritable plaie, la cause première des malheurs de la France ». 

La campagne de Russie, celle qui a failli tuer l’aigle impérial

La Grande Armée qui franchit le Niémen en ce 23 juin 1812 est gigantesque : entre 600 000 et 700 000 hommes suivants les sources, mais pour moitié composée de soldats issus de pays satellites (notamment d’Allemagne). Napoléon, conscient de son énorme potentiel, eut alors obligé les russes à livrer bataille pour les vaincre. Mais c’est sans compter sur Barclay de Tolly, général russe d’origine écossaise, qui refuse l’affrontement direct et oblige la Grande Armée à s’enfoncer toujours plus profond vers les terres russes. Elle n’arrive au mieux qu’à combattre des arrières gardes, et tombe sur un pays dévasté. Comble de l’horreur, Napoléon met le feu à Smolensk lors des combats en août 1812 contre les Russes, et transforme une ville aux ressources relativement préservés en ruine, privant les Français de nourriture et d’abris pour dormir.

Néanmoins, l’état-major russe décident de stopper leur tactique et acceptent l’affrontement, lors de la très célèbre bataille de la Moskova (Borodino étant plus assimilée a celle d’octobre 1941), une des plus difficiles victoires de Napoléon, tacticien et stratège. En Résumé, le choix de l’assaut frontale en force coût chère à la Grande Armée (24 000 hommes et 48 généraux), pour des gains hypothétiques car même si l’armée russe a subit d’affreuses pertes (51 000 soldats perdus) elle n’est pas détruite et réussit à s’échapper. Le Tsar Alexandre refuse les négociations et force Napoléon à quitter Moscou, malgré tous les périls qu’’il a connu pour en arriver là. La retraite de Russie qui va suivre est incontestablement terrible : 20 000 rescapés et moins de 10% des chevaux repassent le Niémen. Cependant attardons nous sur la Bérézina (24-29 novembre 1812), cas emblématique de cette retraite.

Certes il s’agit d’une retraite périlleuse mais c’est autant un symbole de l’horreur qu’un coup de génie. Harcelé sans cesse par les Cosaques, Napoléon, tacticien et stratège réussit en l’espace de 5 jours à faire traverser la moitié de son armée et la majeur partie des chariots, le tout en faisant face a des civils et des trainards paniqués. Cela est dû a deux choses : le fait que Napoléon ai trompé les Russes, qui ne s’attendait pas a ce qu’’il traverse le fleuve si rapidement, et à ses subordonnés qui ont été presque excellents : D’Elbée et ses pontonniers construisent deux ponts en moins de 48 heures dans d’affreuses conditions (eau a 2 degrés par ex) tandis que Ney couvre très bien l’arrière garde à Krasnoié : le « brave des braves »  mérite bien. Nous pouvons citer Clausewitz pour couronner le tout.

« Napoléon à la Berezina sauva intégralement son honneur et acquit même une nouvelle gloire »

Clausewitz

Campagne de France et défaite finale de Waterloo

Cependant, il convient de reconnaître que la campagne de Russie signe le début de la fin. Beaucoup de ses alliés le quitte, à l’image de cet enfoiré de Bernadotte qui fait passer la Suède dans le camp ennemi. Napoléon, tacticien et stratège mène la campagne d’Allemagne avec de qu’’il put : sa grande armée n’a de grande que le nombre : certes ses 300 000 soldats sont motivé mais inexpérimentés et surtout Napoléon ne peut plus poursuivre l’ennemi ni faire de longue reconnaissance car impossible de remplacer les 200 000 chevaux perdus en Russie. On a néanmoins des preuves de son génies avec Lützen par exemple ou même à Leipzig, ou la garde impériale défend avec acharnement Probstheida, clef de voute du dispositif français en repoussant 4 assauts russes rien que la journée du 18 octobre, ce qui permet à son armée de retraiter en bon ordre. L’empereur retrouve même son niveau de 1805 en matière de stratégie lors de Campagne de France de 1814: 14 batailles, 12 victoires.

Napoléon, tacticien et stratège refait quasiment le plan qu’a Austerlitz lors de la bataille de Montmirail le 11 février, et arrive à concentrer ses forces au bon moment grâce à sa clairvoyance si bien que dans les ¾ des batailles de la campagne, le rapport de forces ne dépasse que rarement le 1.5 contre 1. Malgré cela, l’empereur ne peut retarder l’inévitable car les coalisés sont trop nombreux et se battre décisivement à Arcis-sur-Aube en mars 1814.

« Le dieu e la guerre est toujours du côté des gros bataillons »

napoléon

Waterloo est un cas à part : les deux camps ont fait des erreurs, mais c’est le fait que Napoléon a perdu son génie d’antan, son « coup d’œil » qui va faire pencher la balance. L’Empereur avait une chance de l’emporter, notamment après les succès de Ligny et des Quatre-bras. Mais cette « seconde jeunesse » qui commandait lors de la campagne de France à disparu.

Et Napoléon, tacticien et stratège accumule les erreurs à Waterloo avec notamment : 1) ne pas lancer de reconnaissance sur le champ de bataille, ce qui aurait pu lui permettre de découvrir les trois fermes fortifiées (Hougomont, Haye Sainte et Papelotte) par les anglais, 2) sous-estimer la ténacité de Wellington et donc organise mal son offensive et 3) gaspiller sa cavalerie sans aucun soutien. Pendant prés de deux heures, 10 000 cavaliers de tous types commandés par Ney chargent les carrés anglais qui subissent de lourdes pertes mais ne rompent pas, limite du gaspillage. Est-ce la faute de Soult, plus homme de terrain que chef d’état major ? Napoléon comme ses hommes subit un déclin qualitatif, et n’agit plus comme dix ans auparavant.

Conclusion du génie militaire de Napoléon

 En conclusion, nous pouvons dire que Bonaparte avant de devenir Napoléon, tacticien et stratège, s’appui sur un outil militaire qui a déjà expérimenté des innovations de tailles comme la division. Sa capacité à comprendre les mouvements de l’ennemi, à distinguer leur faiblesse associé à des subordonnés de qualité (comme Masséna, Ney ou Sérurier) lui donnera l’avantage sur les autrichiens en Italie, lesquels ne sont pourtant pas forcément incompétents. Ce génie militaire va ensuite perfectionner son armée pour créer la Grande Armée, meilleur force militaire du continent en 1805, et notamment révolutionner l’art militaire grâce à des plans de batailles inédits. A la bataille des Pyramides, Bonaparte utilise pour la première foi le carré dans son plan de bataille.

A Auerstedt avec Davout, la Grande Armée prouve même que l’on peut facilement gagner à un contre deux grâce au corps d’armée. Mais au fur et à mesure des campagnes l’ennemi devient plus fort et plus déterminé : des batailles indécises comme Eylau montre que Napoléon n’est pas invincible tandis que d’autre pays comme la Prusse ont comprit l’intérêt du corps d’armée et copient vite le modèle napoléonien. D’autres, comme Barclay de Tolly prônent une lutte indirect qui harcèle et épuise la Grande Armée dont le potentiel sera laminé en Russie.

Certes le génie de Napoléon, tacticien et stratège est plus efficace en matière de stratégie globale que Bonaparte et il dispose d’un outil militaire largement meilleur en 1805 qu’en 1797. Mais il est aussi plus ambitieux, ce qui au final va se révéler être un grave défaut. La campagne de France constitue ainsi un baroud d’honneur, avec de très belles victoires (Montmirail, Monterau)  mais qui ne fait que retarde l’inévitable et épuise le génie de l’Empereur, génie qui sera par la suite vaincu à Waterloo. De toutes les campagnes impériales, la bataille décisive n’existe pas…sauf quand c’est Napoléon qui la perd.

Dossier Napoléon

La chute du Premier Empire

Napoléon, de premier consul (1800) à la fin de la 5e coalition (1809)

Bonaparte et la campagne d’Italie

Les réalisations civiles sous l’ère Napoléon