La France au Moyen Age a trois grands rois qui sont les principaux artisans de l’unité française : Philippe II, dit Auguste (1180-1223), Louis IX (Saint Louis — 1226-1270) et Philippe IV Le Bel (1285-1314). Tous trois se préoccupent de rassembler le royaume et de l’organiser, de créer des voies de communication, d’assurer l’administration et la sécurité du pays.
Contre les féodaux, ils s’appuient sur le peuple, créant d’abord autour de leur personne le sentiment de l’unité. Dans l’Europe médiévale, ils placent la France au premier rang. Ils restent très réalistes et mènent à bien l’unité du royaume.
Sommaire
- Remettre de l’ordre en France au moyen âge
- Philippe Auguste
- Louis IX dit Saint Louis
- Philippe le Bel
- La ville de Paris dans la France du moyen âge
- La Flandre
- La Normandie sous la France du moyen âge
- L’Orléanais
- La Gascogne et le Languedoc
- La Champagne et la Brie
- Vers l’Est
- Le Berry et l’Auvergne dans la France du moyen âge
- Le Dauphiné
- La Guyenne et la Bretagne
Je ne parle ni l’allemand ni le latin! » s’exclame Hugues de France, lors de son entrevue avec l’empereur Othon III. Par la voix de ce petit roi, sacré le 3 juillet 987, à Reims, depuis quelques mois à peine, s’affirme une dynastie nationale, issue directement de la lignée franque.
Aux seigneurs réunis à Noyon par l’archevêque de Reims, le 1er Juin 987, il avait été dit : «Donnez-vous pour chef le duc des Francs, glorieux par ses actions, par sa famille et par ses hommes… » Contre le prétendant allemand, est donc élu le duc de France, comte d’Orléans : Hugues Capet. Il fonde la dynastie capétienne, qui régnera sur la France durant près de huit siècles et forgera l’unité française.
Remettre de l’ordre en France au moyen âge
En France, c’est le désordre, les batailles de seigneurs, la disette, la décomposition du royaume. Le roi est inconnu des Français. Paris ne lui appartient même pas; il ne s’y aventure que très rarement, risquant d’y être fait prisonnier par un adversaire plus puissant. Hugues Capet possède seulement le comté d’Orléans et d’Etampes et quelques seigneuries alentour : tout le domaine royal!
La France dont les limites sont approximativement celles d’aujourd’hui, moins vassaux du roi, les comtes de Flandre, de Toulouse, d’Aquitaine, les ducs de Bourgogne, de Normandie, etc. Ce fait constitue la « mouvance » où l’autorité royale est en général très contestée.
Hugues Capet va donc en tout premier lieu élargir son propre domaine.
« Le royaume s’acquiert, non point par droit héréditaire, mais par noblesse de sang et sagesse d’esprit », avait dit à Hugues l’archevêque de Reims.
Conscient de sa faiblesse en face des féodaux, qui se conduisent sur leurs fiefs comme des souverains, le Capétien doit manœuvrer constamment pour parvenir à assurer l’autorité de la dynastie.
Le roi devant être élu par ses pairs, Hugues Capet fait couronner son fils Robert quelques mois après lui, le 25 décembre 987 exactement; ainsi est-il certain que le domaine royal demeurera dans la famille. L’exemple deviendra coutume avec les rois suivants.
Pour éviter les partages lors des successions, le droit d’aînesse est rétabli : la possession du domaine est donc réservée au seul aîné.
Il s’agit ensuite de manœuvrer, de gagner des terres à la faveur de mariages, de disparitions de seigneurs sans héritiers, de successions litigieuses ou de conflits entre féodaux. Le roi invoque les vieilles coutumes ou son bon droit, il joue l’arbitre, pacifiquement ou, s’il le faut, par conquête militaire, il ajoute des terres, des fiefs à ses possessions. Les Capétiens parviendront à confondre, peu à peu, leur domaine avec le royaume de France lui-même.
Philippe Auguste
Philippe Auguste repousse avec ardeur et méthode les Anglais, installés dans la plus grande partie de la France de l’Ouest, et confisque les biens de Jean sans Terre. À Bouvines, il se heurte à une coalition internationale (roi d’Angleterre, comte de Flandre et empereur d’Allemagne) qu’il écrase complètement. À son retour, l’accueil du peuple est la première manifestation éclatante du sentiment national : l’unité avait pénétré les esprits.
À sa mort, il laisse le domaine royal quatre fois plus grand qu’à son avènement.
Louis IX dit Saint Louis
Louis IX n’est pas un « rassembleur » au même titre que les autres rois. Il réalise l’unité morale du royaume, surtout après la douloureuse croisade contre les Albigeois, qu’il mène à son terme.
Il est la figure même du roi pacifique et justicier dont la réputation rejaillira sur tous les Capétiens. Il propage en Occident et en Orient le renom de la France. Il s’entoure de petites gens et imprime au pays le sens de l’équité, lui assurant une période de prospérité et d’expansion économique.
Philippe le Bel
Philippe le Bel est tout différent. Il commence par reprendre les terres que Saint Louis a généreusement dispersées, puis il poursuit l’œuvre de l’unité vers l’est et le sud. Il acquiert de nombreuses villes, telles Lille et Douai. Pour asseoir son autorité, il brave à l’intérieur les Templiers, qu’il trouve trop puissants, et à l’extérieur le pape dont l’influence s’étend sur l’Europe.
Enfin, tandis que les monarques rassemblent, unifient et administrent leur domaine, les croisades en terre éloignée jouent aussi leur rôle : les féodaux y partent, et le roi en profite; les chevaliers du Nord et du Midi (Albigeois, Normands ou Bourguignons), se battent contre les musulmans. A leur retour, le climat sera à l’unité.
La ville de Paris dans la France du moyen âge
La capitale du royaume d’Hugues Capet est Orléans. Pourtant, Paris fait déjà figure de capitale : pour conquérir le royaume, il faut commencer par sa plus importante cité. Les descendants du premier Capétien ne vont pas ménager leur peine. Ils annexent d’abord les comtés situés autour de Paris, et qui contrôlent la voie principale de communication : le comté de Sens, puis celui de Melun (1015), ensuite celui de Dreux rendu par Charles de Lorraine au roi de France Henri Ier (1019).
Plus tard, en 1069, Philippe Ier obtient le Gâtinais. Il relie alors directement Sens à Melun. Lorsque le comte de Vexin et de Valois entre au monastère, en 1076, le roi récupère le Vexin français, avec les châtellenies de Pontoise et de Mantes, à l’ouest de Paris. La vicomté de Bourges avec Dun-le-Roi est achetée au comte Eudes Harpin en 1100.
Le mariage du frère de Philippe 1er permettra l’annexion du comté de Valois et de Montdidier.
Louis VI le Gros, fils de Philippe 1er, bat Hugues de Crécy et emporte la forteresse de Montlhéry qui commande l’arrivée à Paris, ainsi que Châteaufort et Chevreuse (1118). Au comte de Corbeil, il prend également plusieurs vallées conduisant à la future capitale, établissant ainsi la liaison entre les villes du domaine.
Louis VI met à la raison plusieurs seigneurs de l’Aisne et de l’Oise qui dévastent ces régions, tels Thomas de Marle et Enguerrand de Coucy. Lorsque l’empereur allemand Henri V veut vaincre les Français à Reims, tous les barons s’unissent autour de Louis VI et de la bannière royale, rouge frangée de vert, prise sur l’autel de Saint-Denis.
L’envahisseur repart. Le roi entre à Paris : désormais, les rois seront parisiens.
La Flandre
Les armes à la main, le jeune Philippe Auguste, qui n’a encore que seize ans (il est né en 1165), revendique l’héritage de la Flandre qui revient à sa femme, Isabelle de Hainaut. Le traité de Boves lui donne les comtés de Montdidieret Amiens, ainsi que la seigneurie de Montreuil-sur-Mer.
En 1212, il obtient l’Artois. À Bouvines (1214), le comte de Flandre s’est allié à la coalition anglo-germanique. Philippe Auguste remporte une victoire décisive et fait prisonnier le comte de Flandre, qu’il enferme au Louvre où il le tiendra séquestré pendant treize ans.
Le roi reçoit de Jeanne de Flandre, de nombreuses garanties; il annexe le Valois et le reste du Vermandois avec les forteresses flamandes. Le domaine s’étend alors jusqu’à la Manche et la mer du Nord.
La Normandie sous la France du moyen âge
La Normandie et l’Ouest de la France se trouvent sous la domination du roi d’Angleterre, lequel est cependant un vassal du roi de France sur ces terres. Louis VII et Philippe Auguste utilisent habilement les dissensions de la famille royale d’Angleterre pour annexer les terres de l’Ouest. S’alliant avec Richard Cœur de Lion contre Henri II d’Angleterre, Philippe Auguste s’empare de plusieurs domaines, qu’il doit cependant restituer lors de l’avènement de Richard.
Mais le roi de France a appris la marche à suivre avec son rival anglais. Il favorise donc Jean sans Terre contre Richard Cœur de Lion, acquiert la Normandie et gagne une guerre très rude, au cours de laquelle (au siège de Châlus, en Limousin, en 1199) Richard Cœur de Lion est tué. Celui-ci disparu, il faut obtenir la capitulation de Jean sans Terre qui est maintenant roi.
Philippe Auguste utilise cette fois une subtile diplomatie; il soutient les revendications d’Arthur de Bretagne contre les héritiers de la Maison d’Angleterre, les Plantagenets, et il fait condamner la conduite de Jean sans Terre (qui avait enlevé la fiancée du comte de la Marche pour l’épouser). Les barons aquitains se soulèvent. Philippe Auguste obtient la confiscation de tous les biens du roi d’Angleterre en France.
Les Anglais refusant la sentence, le roi doit emporter la décision militairement. Il s’empare de Château-Gaillard et de Rouen (mars 1204). Cette dernière capitulation lui donne la Normandie, l’Anjou et le Poitou. Deux ans plus tard (1206), il annexe la Saintonge.
Seule la Bretagne demeure pour deux cents ans encore dans la mouvance. Les villes de Montargis, Gien, Meulan, Boulogne, Dammartin, Alençon et son comté, Beaumont-sur-Oise, sont annexées durant ce temps.
L’Orléanais
En dehors de quelques «îlots », l’’Orléanais appartient au domaine royal puisqu’il en a constitué la base. En 1219, Philippe Auguste obtient de la comtesse de Blois la cession de Nogent-le-Roi. Quelques années plus tard, la reine de Chypre, Alix de Champagne, cède à Saint Louis tous ses droits sur les comtés de Blois, de Chartres et de Sancerre, ainsi que sur les vicomtés de Chateaudun (1234).
En fait, c’est Blanche de Castille qui impose cette cession de suzeraineté. En juillet 1286, l’Orléanais est totalement réuni au domaine par l’achat de Blois et de Chartres par Philippe le Bel.
La Gascogne et le Languedoc
Le règne de Louis VII (1137-1180) s’ouvre par le mariage du roi avec Aliénor, fille du duc d’Aquitaine et de Gascogne. Tout le Sud-Ouest de la France est désormais possession royale. Mais Louis VII part à la croisade, et sa femme est frivole : il demande le divorce. Aliénor épouse alors Henri II Plantagenet, futur roi d’Angleterre; les duchés d’Aquitaine et de Gascogne retournent entre ses mains. La réunion des terres à celles du Nord n’a donc pas duré plus de quinze ans.
La France du Midi est profondément différente de la France du Nord. Tandis que les féodaux du Nord se battent contre pillards et pirates, des communications existent dans le Midi, ce qui procure à ces pays une sécurité relative. Une civilisation courtoise, mêlée d’influences latines et orientales, dues aux croisades, s’y installe : on y est plus riche, plus raffiné, plus tranquille.
Le baron le plus puissant du Midi est le comte de Toulouse. Ses domaines et ses vassalités couvrent tout le Languedoc et une partie de la Provence. Son domaine est beaucoup plus grand à cette époque, que celui du roi de France. Et ce dernier a peur de ces pays du Midi si différents et si puissants.
L’hérésie cathare
Cependant, venue à la faveur des retours des croisades, une hérésie se développe et embrase toute cette partie méridionale du royaume : c’est l’hérésie cathare, une secte dont le centre est Albi (on dira les « Albigeois » pour désigner les cathares), et qui inquiète beaucoup l’Eglise de Rome.
L’assassinat, par un officier du comte de Toulouse, d’un légat du pape (1208) détermine celui-ci à faire appel à Philippe Auguste pour amener militairement à la raison les hérétiques. Le roi est alors préoccupé par son différend avec l’Angleterre et il laisse ses barons, tels le duc de Bourgogne, le comte d’Auxerre, etc. et Simon de Montfort (qui a le commandement des opérations) guerroyer à sa place dans le Midi. C’est le début de la croisade — car il s’agit là aussi d’ennemis de la religion catholique — contre les Albigeois.
Au siège de Muret (1213), Simon de Montfort bat Raymond VI de Toulouse et son allié, le roi d’Aragon. Le 10 avril 1216, il remet au roi Philippe Auguste le duché de Narbonne, le comté de Toulouse, les vicomtés de Béziers et Carcassonne. La cession est confirmée, après la mort de Simon de Montfort, en 1226.
Louis VIII, puis son fils Saint Louis reprendront la croisade pour s’imposer aux barons et aux seigneurs, vassaux de Raymond de Toulouse. Tout est terminé en 1229 : au traité de Meaux, Raymond VI, fils de Raymond VI mort en 1222, ne garde que le Toulousain, le Rouergue et le Nord de l’Albigeois qu’il promet de transmettre à sa fille Jeanne.
Celle-ci épouse le comte Alphonse de Poitiers. Ils meurent sans enfants en 1271 : tout le Midi revient de droit à la Couronne.
La Champagne et la Brie
Préparée par Philippe III le Hardi, la réunion à la France de ces deux comtés est pratiquement réalisée par Philippe le Bel, mais elle ne sera définitive que bien plus tard, en 1361, sous le règne de Charles IV.
Celui-ci obtiendra, en effet, du comte d’Evreux qu’il abandonne toute revendication à cet égard. Philippe le Bel traite également avec l’évêque du Puy pour avoir le contrôle du Velay, ce qui lui donne toute autorité sur ce fief (1305).
Vers l’Est
Philippe le Bel se tourne vers l’est. Il réunit de nombreuses villes au domaine et notamment dès la mort de son fils, Charles le Téméraire. Valenciennes, Tournai, Lyon, une partie du Barrois, les vallées de la Meuse, du Rhône et de la Saône. Il installe son fils puîné à Poitiers. Plus tard, un prince capétien occupe le comté de Provence, préparant l’annexion, qui n’intervient qu’en 1486.
Le Berry et l’Auvergne dans la France du moyen âge
L’annexion de ces domaines débute sous le règne de Philippe Auguste qui acquiert l’Auvergne, rendue peu après par Saint Louis. Beaucoup plus tard, en 1416, à la mort de Jean de Berry (frère du roi Charles V), le Berry, l’Auvergne et le Poitou retournent, selon les termes de son testament, au domaine royal.
Le Dauphiné
Une convention, signée en 1343 par Humbert II, cède le Dauphiné à un membre de la famille royale contre paiement d’une rente à ses descendants. Au bout de plusieurs générations, le Dauphiné est réuni à la Couronne.
La Guyenne et la Bretagne
A la mort de Philippe le Bel, les possessions de la Couronne s’étendent pratiquement à toute la France. Philippe VI de Valois reçoit à son avènement (1328) un magnifique héritage, dans lequel seuls le duché de Bourgogne, celui de Bretagne et une partie du comté de Flandre demeurent vassaux du roi. Mais la Guyenne, la Gascogne et le Ponthieu se trouvent encore sous la souveraineté du roi d’Angleterre.
Philippe le Bel avait déjà coupé la Guyenne en deux et occupé plusieurs territoires. En 1329, la paix est rétablie et Edouard III d’Angleterre vient rendre l’hommage de la Guyenne au roi de France Philippe VI. Mais les traités ne sont pas respectés : la guerre reprend en 1337 (c’est le début de la guerre de Cent Ans).
En 1360, le roi Jean le Bon, prisonnier du Prince Noir, abandonne les deux tiers du pays à l’Angleterre. Malgré quelques succès de Charles V (régent pendant la captivité de son père) et de son connétable Du Guesclin, le désastre d’Azincourt conduit au traité de Troyes (1420) qui rattache le royaume de France à l’Angleterre.
Retour des choses : le futur roi de France, héritier du trône, Charles VII, se fait proclamer roi à Bourges et son contrôle s’étend au Midi.
Désormais, l’unité française est un fait, l’occupation anglaise ne change plus la réalité. Lorsque les Anglais sont « boutés hors du royaume », c’est, avec Jeanne d’Arc, toute la France qui les chasse : on recommence par la délivrance d’Orléans. Malgré les Bourguignons, tous les domaines sont reconquis à la fin du XVe siècle.
Par son mariage avec Anne de Bretagne, en 1491, Charles VIII réunit la Bretagne au domaine royal. En fondant l’unité française, les Capétiens ont établi aussi le lien essentiel qui unit le royaume : le sens de l’Etat.
Les féodaux vaincus se sont transformés en courtisans et en représentants de la puissance royale. Unité et centralisation vont de pair.
Le règne des premiers Capétiens à permis à la France de se relever de l’occupation anglaise et d’atteindre son apogée en Occident. Après avoir réuni les terres et les hommes, les Capétiens ont préparé la France à l’aube de la Renaissance.
FAQ
Philippe Auguste, Louis IX et Philippe le Bel
La victoire à la bataille de Bouvines
Orléans
La Guerre de Cent Ans
Dossier Histoire de France
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